Hayatou-Chiboub, ticket gagnant

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

Jeudi 22 janvier, 13 heures. La salle de conférence d’un grand hôtel de Tunis est pleine à craquer. Les délégués de cinquante-deux associations nationales sont installés au milieu d’une foule d’envoyés spéciaux. À la tribune officielle, le président de la Fifa, Joseph Blatter, côtoie les dignitaires de la Confédération africaine de football (CAF) et le tout nouveau ministre tunisien des Sports Abdallah Kaabi. La vingt-quatrième assemblée générale de l’organisation africaine bat son plein. Les rapports d’activité sont expédiés en quelques minutes. Les Comores et Zanzibar deviennent membres associés de la CAF. Et c’est le coup d’envoi de la bataille électorale.
Issa Hayatou quitte la salle. Candidat à sa propre succession, il ne peut pas, statutairement, diriger le scrutin. Le Botswanais Ismaël Bhamjee, son concurrent et compagnon de route depuis 1988, lui emboîte le pas. Mais voilà qu’il s’empare du micro et harangue l’assistance. Élu, il promet d’instaurer plus d’égalité, de démocratie et de transparence dans le fonctionnement de l’institution et lance un appel pathétique à l’unité du football africain. En pure perte, les jeux étant faits de longue date.

Pour obtenir un cinquième mandat à la tête de la CAF, Hayatou a dû tourner la page de son échec de mai 2002 à l’élection de la Fifa. Il s’est résolu à jouer la carte de la cohabitation au sein de l’exécutif de la Fifa avec son vainqueur de Séoul, Joseph Blatter ; il s’est publiquement réconcilié avec le président de la Confédération asiatique, le Qatari Mohamed Ibn Hammam ; il a habilement désamorcé la menace que représentait pour lui le Libyen Saadi Kadhafi ; il s’est lancé dans une vaste campagne de lobbying auprès des chefs d’État africains ; enfin, il a ratissé large au sein de la « grande famille du football africain ». Résultat : 46 délégués sur 52 lui accordent leurs suffrages. Félicité par Blatter, étreint par une marée de supporteurs en délire, il savoure son triomphe. En 2008, le Camerounais aura bouclé vingt ans de présidence.
La bataille se prolonge jusqu’en fin d’après-midi. Des barons de la CAF mordent la poussière. Ainsi du Marocain Saïd Belkhayat battu par l’Algérien Mohamed Raouraoua et par l’Égyptien Hany Abou Rida, qui représenteront désormais l’Afrique du Nord au sein du Comité exécutif. Dans la zone Centre, le Tchadien Adoum Djibrine a résisté au Gabonais Placide Engandzas. En Afrique australe, le Seychellois Suketu Patel remplace Ismaël Bhamjee. L’ex-footballeur ghanéen Abedi Pelé, faute d’avoir conclu des alliances judicieuses, n’a pu inquiéter le Nigérian Amos Adamu. Enfin, en Afrique de l’Est, les postes occupés par le Somalien Farah Addo, suspendu depuis janvier 2003 par la Fifa, et le Kényan Joab Omino, décédé des suites d’une longue maladie, sont revenus au Soudanais Kamal Sheddad et au Burundais Moses Baransananiye.
Clou du show : l’élection d’un membre africain au Comité exécutif de la Fifa en lieu et place du Tunisien Slim Aloulou. Trois Nord-Africains sont en piste. Au terme d’un suspense insoutenable pour ses nombreux partisans, Slim Chiboub, soutenu par Issa Hayatou, l’emporte avec dix-huit voix d’avance sur l’Égyptien Hani Abou Rida. Le président de l’Espérance sportive de Tunis a gagné son pari : il fait désormais partie du gouvernement mondial de la planète foot.

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