De Porto Alegre à Bombay

Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 2 minutes.

A l’heure où les dirigeants de la planète prenaient le chemin de Davos, les altermondialistes s’apprêtaient à quitter Bombay. Du 16 au 21 janvier, plus de 100 000 personnes ont assisté à la 4e édition du Forum social mondial (FSM), qui s’est tenu dans la capitale économique de l’Inde. Cinquante fois plus de participants qu’à Davos, pour un coût – environ 2,2 millions de dollars – quinze fois moindre. Pour la première fois depuis sa création en 2001, le FSM a quitté la ville brésilienne de Porto Alegre pour prendre ses quartiers en Asie. Pendant six jours, quelque 1 200 ateliers ont permis à une foule bigarrée de débattre sur des thèmes aussi variés que l’identité amérindienne, l’avenir du coton africain ou les pratiques des usines de la firme Coca-Cola.
La mobilisation de la société civile contre la mondialisation néolibérale ne faiblit pas. Au contraire, elle s’internationalise. Né des manifestations qui ont éclaté à Seattle en 1999 en réaction à la tenue d’une conférence de l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le mouvement des altermondialistes est devenu le symbole de l’aspiration à un autre monde.
Temps fort de l’édition 2004 : l’intervention de Joseph Stiglitz, Prix Nobel d’économie 2001 et ancien vice-président de la Banque mondiale, qui n’a pas hésité à fustiger les institutions financières internationales qu’il accuse d’être incapables d’assurer la croissance et de faire reculer la protection sociale.
Comme les années précédentes, les défenseurs des droits de l’homme n’étaient pas en reste. La guerre en Irak et l’impérialisme américain ont été fermement condamnés, notamment par l’Iranienne Shirin Ebadi, Prix Nobel de la paix 2003. Le Forum de Bombay a également mis l’accent sur la condition des « intouchables », parias d’une société indienne qui reste fondée sur le système des castes, pourtant officiellement aboli en 1949.
Pour les organisateurs, le cru 2004 est un succès et prouve que le mouvement, jusqu’ici majoritairement constitué d’Européens et de Sud-Américains, pouvait élargir son assise internationale. Plus de 50 000 ressortissants asiatiques ont fait le voyage de Bombay. Mais la multiplication du nombre de débats risque de transformer le FSM en une véritable foire à idées, où tout est contesté sans que rien ne soit proposé. C’est en tout cas l’avis du professeur italien Riccardo Petrella, l’un des pères fondateurs du mouvement altermondialiste, qui a préféré ne pas se rendre à Bombay.
Fidèle à ses traditions, le FSM n’a adopté aucune résolution et n’a publié aucune déclaration finale. Il s’est contenté, par la voix de l’Assemblée des mouvements sociaux de tous les continents, d’appeler les citoyens du monde à manifester le 20 mars prochain, premier anniversaire du déclenchement de la guerre en Irak. En 2005, le FSM retournera à Porto Alegre. Mais il devrait se déplacer dès l’année suivante sur le continent africain, en Afrique du Sud ou au Kenya.

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