Chine-Taiwan : tous les coups sont permis
Publié le 26 janvier 2004 Lecture : 1 minute.
Depuis les années 1970, Pékin et Taipei se livrent une impitoyable lutte d’influence sur le continent. Enjeu : la reconnaissance de l’un ou de l’autre en tant qu’unique représentant de la Chine par la communauté internationale. Le gouvernement de Taiwan, en particulier, doit absolument être reconnu par un minimum d’États pour prouver de facto son existence au reste du monde. Du coup, les dollars coulent à flot !
« Sur le long terme, les États d’Amérique centrale sont les plus fidèles à Taiwan. Mais ceux d’Afrique sont plus importants en termes de population et de territoire. En 1996, par exemple, le basculement de l’Afrique du Sud en faveur de la Chine populaire a été une véritable catastrophe pour Taiwan », explique Françoise Mengin, chercheur au Centre d’études sur les relations internationales (Ceri). L’île « nationaliste » a été officiellement reconnue par le Burkina (en 1994), le Sénégal (en 1996) et le Tchad (en 1997). Mais, globalement, le vent semble plutôt tourner en faveur de Pékin. Aujourd’hui, seuls sept pays africains entretiennent des relations diplomatiques avec Taipei. « Pendant longtemps, l’aide taiwanaise était plus adaptée aux réalités africaines que celle de la Chine populaire, souligne Françoise Mengin. Mais le spectaculaire développement de cette dernière a créé une main-d’oeuvre de plus en plus qualifiée capable d’offrir aux Africains le même type de coopération que celle de leurs rivaux. »
En outre, la République populaire de Chine dispose d’un siège de membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU : un atout qui est loin d’être négligeable. En octobre 2003, le Liberia, jusqu’ici favorable à Taiwan, a ainsi habilement retourné sa veste et rétabli des relations diplomatiques avec Pékin. Un mois plus tôt, le Conseil de sécurité avait créé la Mission des Nations unies au Liberia (Minul), pourvue d’un budget de 564 millions de dollars. À la mi-janvier, cinq cents soldats chinois ont commencé de se déployer autour de Monrovia. C’est la plus importante participation de la Chine à une mission onusienne de maintien de la paix.
