Portrait d’une famille de classe moyenne « type » en Afrique subsaharienne
Dans « Comprendre la classe moyenne africaine », la banque sud-africaine Standard Bank montre l’essor du nombre de ménages appartenant à cette catégorie en Afrique, mais fournit également un aperçu de leurs revenus, de leurs dépenses et de leur style de vie.
Objet de toutes les attentions depuis quelques années, les classes moyennes africaines confirment leur percée. C’est du moins ce qui ressort d’une étude de la sud-africaine Standard Bank publiée le 19 août.
Intitulée « Comprendre la classe moyenne africaine », elle a été réalisée dans les onze pays les plus performants d’Afrique subsaharienne (Angola, Éthiopie, Ghana, Kenya, Mozambique, Nigeria, Soudan du Sud, Soudan, Tanzanie, Ouganda et Zambie), qui représentent environ la moitié du PIB de la région (75 % si l’on exclut Afrique du Sud) et plus de 50 % de la population du continent
Question de méthodologie(s)…
Adaptée d’une méthodologie utilisée pour évaluer le niveau de vie en Afrique du Sud, cette étude adopte une méthode beaucoup plus restreinte et précise que celle utilisée par la Banque africaine de développement pour estimer l’importance des classes moyennes en Afrique subsaharienne. Dans un document publié en 2011, l’institution panafricaine avait estimé que 300 millions de personnes faisaient désormais partie de la « classe moyenne » en Afrique subsaharienne. Tout en admettant que leur revenu se situait entre 2 et 20 dollars par jour seulement…
La méthode de Standard Bank est également plus nuancée que celle développée par le cabinet de conseil en stratégie McKinsey, qui, en 2010, estimait à 85 millions le nombre de ménages entrant dans cette catégorie, parce qu’avec un revenu annuel supérieur à 5 000 dollars, ils disposaient de ressources suffisantes pour faire des dépenses non-essentielles (« discretionnary spending »).
Dans son étude, la banque sud-africaine introduit une clarification plus « subtile », composée de quatre catégories : les ménages à faibles revenus – ceux dont les revenus sont inférieurs à 5 500 dollars (en dollars américains constants, base 2005) ; les classes « moyennes inférieures » (revenus entre 5 500 et 8 500 dollars) ; les ménages des classes moyennes proprement dites (revenus entre 8 500 et 42 000 dollars) et enfin ceux appartenant aux classes « moyennes supérieures », qui disposent de plus de 42 000 dollars par an.
Essor
Grâce à une classification assez subtile (voir encadré), Standard Bank estime que 7,6 millions de ménages appartiennent aux classes moyennes (8 500 – 42 000 dollars) dans les onze pays étudiés, soit 6 millions de plus qu’en 2000.
Une hausse spectaculaire, si l’on s’aperçoit qu’entre 1990 et 2000, seuls un million de ménages ont rejoint cette catégorie. Mieux, d’ici à 2030, ces pays devraient accueillir 14 millions de ménages supplémentaires appartenant à la classe moyenne, soit 22 millions au total. Ce chiffre atteint même 40 millions si l’on y ajoute les classes « moyennes inférieures », aux revenus compris entre 5 500 et 8 500 dollars de revenus par an.
>>>> Voir aussi – Sénégal : Dakar s’embourgeoise
Attributs particuliers
La banque sud-africaine dresse également un portrait assez frappant des « attributs » de la classe moyenne « type » en Afrique subsaharienne, obtenu à partir de ses études.
Ainsi, selon Standard Bank, un ménage de cette catégorie vit le plus souvent dans l’un des principaux centres urbains et commerciaux. Plus de 95 % de ces ménages disposent d’un poste de télévision. Le chef de famille de ces ménages est en moyenne agé de plus de 35 ans, et la probabilité qu’il dispose d’un diplômé d’étude supérieure est deux fois plus élevée que la moyenne.
Ces ménages ont un taux d’accès (régulier) à internet au moins deux fois supérieur à la moyenne nationale et réalisent leurs emplettes plus souvent au supermarché ou à l’épicerie que sur les marchés traditionnels (informels).
Dépenses
Se reportant aux sondages réalisés en Afrique du Sud – et à partir desquels une partie de cette étude a été extrapolée – Standard Bank estime que les ménages des classes moyennes dépenseraient en moyenne 10 % de leur revenu en dépenses alimentaires, contre 35 % pour les ménages à faibles revenus. Inversement, près de 11 % de leurs revenus sont consacrés aux dépenses de santé, contre moins de 3 % pour les ménages les plus pauvres.
>>> Lire aussi : Une Afrique à consommation variable
Enfin, leur statut et leurs revenus permettent à ces ménages d’accéder plus aisément aux prêts bancaires souvent nécessaires à l’achat d’une voiture ou d’une maison. Ainsi, selon cette étude, ils consacrent en moyenne 7 % de leurs dépenses aux frais liés à leurs véhicules et 8 % au remboursement d’un crédit hypothécaire. Des postes budgétaires pratiquement absents des dépenses des familles à plus faibles revenus.
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