Syndicalistes en congrès à Monastir
Continuité en dépit d’un renouvellement partiel de la direction, progression du courant autonomiste et consolidation de la démocratie interne : tels sont les principaux enseignements du congrès de l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), qui s’est tenu dans la station balnéaire de Monastir du 14 au 16 décembre.
Le nouveau bureau exécutif a reconduit Abdesselam Jrad au poste de secrétaire général pour un nouveau mandat de cinq ans. En revanche, trois membres de l’ancienne direction ont été écartés et un quatrième ne s’est volontairement pas représenté. Leurs remplaçants sont Hassine Abassi (gauche modérée), Belgacem Ayari (qui s’occupera du secteur privé, nouvelle priorité de la centrale), Mohamed Zahi (le secrétaire général du syndicat de l’enseignement primaire, qui prend en charge la fonction publique) et Mouldi Jendoubi (secteur public).
Le congrès a par ailleurs été marqué par une progression du courant démocratique et « autonomiste », ce qui témoigne d’une absence d’ingérence du pouvoir et/ou de l’administration. Le président Zine el-Abidine Ben Ali a d’ailleurs félicité la nouvelle direction pour son indépendance. Sur treize membres du bureau exécutif, on compte désormais huit autonomistes (dont certains sont néanmoins proches du pouvoir), contre cinq auparavant.
À côté de Jrad, dont ce sera le dernier mandat de cinq ans, Ali Ben Romdhane, un ingénieur issu de la fédération de l’agriculture, a été nommé à la tête du département de l’organisation interne, ce qui, de facto, fait de lui le numéro deux de la centrale et le place en bonne position dans la perspective de la succession. Selon toute apparence, la nouvelle direction maintiendra la ligne modérée de sa devancière et jouera la carte de l’apaisement social. Mais elle devra composer avec une base de plus en plus éduquée et exigeante en matière de revendications. Depuis cinq ans, les effectifs ont augmenté de 20 %, pour atteindre 375 000 adhérents.
Si la majorité du congrès était constituée de modérés et de réalistes, on a vu se nouer, au fil des débats, d’étranges alliances entre des courants minoritaires que, a priori, tout oppose : des islamistes à l’extrême gauche, en passant par la gauche et les nationalistes. Pouvoir d’achat, négociations sociales, défense des avantages acquis, protection sociale, liberté syndicale dans le secteur privé, gestion paritaire des caisses de sécurité sociale : tels sont les dossiers les plus chauds évoqués par les congressistes.
Des thèmes plus politiques ont également été abordés : démocratie, respect des libertés, soutien aux organisations de la société civile, solidarité avec la Palestine, le Liban et l’Irak « Si le congrès de l’UGTT a servi à certains de tribune politique, explique un membre (réélu) de la direction, c’est parce que les partis ne jouent, pour la plupart, pas leur rôle. »
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