Rue Montmartre, avec Hervé Bourges

L’ancien patron de RFI emmène le lecteur en balade dans le centre de Paris. Les anecdotes s’enchaînent, plus savoureuses les unes que les autres.

Publié le 2 janvier 2007 Lecture : 3 minutes.

Hervé Bourges ne préside plus ni TF1, ni France Télévisions, ni le Conseil supérieur de l’audiovisuel. Même s’il est toujours à la tête de l’Union de la presse francophone, l’hyperactif a aujourd’hui le temps de musarder. Dans son dernier livre, il se fait « flâneur de la rive droite », emmenant le lecteur en balade dans le centre de Paris, autour de la rue Montmartre. La promenade est prétexte à mille anecdotes sur les bâtiments et les hommes qui les ont habités et sur la vie de Bourges lui-même.
Le lecteur de Jeune Afrique sait que l’homme ne fut pas seulement un des grands patrons de la télévision française. Bourges, c’est aussi le combat pour l’indépendance de l’Algérie dans les colonnes de Témoignage chrétien, la fondation de l’École des journalistes africains à Yaoundé, la présidence de Radio France internationale et de Canal Plus Afrique (devenu Canal Horizons), ainsi que des amitiés nombreuses, d’Alger à Libreville. On ne s’étonne donc pas que l’Afrique soit souvent présente dans Ma rue Montmartre. Extraits.

Le Congo et le cigare
« Rue Montmartre, en face du Figaro, voici donc Le Brazza. Je viens de rentrer de la capitale du Congo, et je raconte au patron auvergnat du lieu les charmes de Brazzaville, la ville jardin, qui retrouve son atmosphère unique, la paix revenue. Mon bougnat reste de marbre, j’ai l’impression que l’Afrique le laisse indifférent malgré le nom glorieux de son café Mais c’est parce que son Brazza n’est pas le mien : il me le désigne, il pend au bout de ses lèvres d’où il part en fumée ! »

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Un pont entre l’Algérie et la France
« Il existe entre Paris et Alger un pont génial et ignoré : Fernand Pouillon. L’architecte qui a conçu un grand nombre de quartiers d’Alger a aussi réalisé deux maisons symétriques : une villa mauresque, sur les hauteurs d’Alger, et un hôtel particulier médiéval, au cur de Paris.
Les passants qui longent les quais de l’île de la Cité, en face de l’Hôtel de Ville, s’étonnent de trouver encore debout une vieille maison un peu insolite. Mais sa façade est en fait une recomposition complète, définie par Pouillon, qui y a composé en 1958 des éléments tirés de divers bâtiments du Moyen Âge. []
De même, les visiteurs de la villa Pouillon [] s’étonnaient de trouver une villa mauresque aussi parfaite, entre ses cours resserrées, ses galeries et ses salons, dominant splendidement le spectacle de la baie d’Alger, au milieu d’un jardin enchanteur. À deux pas des quartiers modernes conçus par celui à qui tant d’Algérois doivent leur appartement [] »

Georges de la Jungle
« Georges Happy. Patron de La Jungle, café-brasserie exotique, il était logique que, dans la rue Montmartre, il fût mieux connu sous le nom de Georges de la Jungle. Les habitants peuvent le voir sillonner à bicyclette son triangle de prédilection, rue d’Aboukir, rue d’Argout et rue Montmartre, dans son superbe équipage : chapeau vissé sur la tête et vélo recouvert de moumoute léopard.
Né au Cameroun, à Yaoundé, en 1966, Georges est en même temps un enfant du quartier, où il avait déjà, naguère, sa réputation de petit Africain gentil, qui aidait les vieilles dames à porter leur cabas. Sa vocation est apparue progressivement. D’abord le hasard, qui le fait s’embaucher comme barman dans un bistrot français du 2e arrondissement. Puis l’initiative qu’il prend, entre deux quiches lorraines, de cuisiner un poulet yassa et de passer de la musique africaine. L’effet ne se fait pas attendre sur des clients ravis de pouvoir danser sur les tables en buvant du rhum. Et l’idée s’impose, avec évidence : ouvrir un café exotique. Ce sera La Jungle. []
La philosophie du lieu est celle de Georges lui-même : éviter le black de chez black. Moi, je ne veux pas de démarcation Blanc/Noir, dit Georges. Dont acte : les tables zébrées de son café La Jungle, symbole d’une fusion où Blanc et Noir n’existent pas seuls, mais se confondent et se mélangent. »

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