Micmacs onusiens
Publié le 2 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.
Qui a gagné, qui a perdu ? À première vue, la question ne se pose pas, si l’on considère les résultats du vote de l’Assemblée générale de l’ONU à propos d’un projet de résolution sur le Sahara occidental présenté notamment par l’Algérie, le 15 décembre, à New York. Cette résolution qui fait référence au plan Baker et au référendum d’autodétermination a en effet été approuvée par les voix de 70 pays sur 192 États membres de l’Organisation. En réalité, l’affaire se complique quand on s’aperçoit que le Maroc et ses amis figurent dans la catégorie « abstentions » et non pas dans celle des « non », où l’on s’attendrait à les trouver. Motif, selon un diplomate marocain : « Il y a un an, nous avions voté en faveur d’une résolution identique qui a été adoptée par consensus. En la représentant à nouveau telle quelle, sans tenir compte de notre plan d’autonomie élaboré depuis lors, les Algériens ont voulu nous coincer. Comme nous ne pouvions pas nous déjuger et que nous n’étions pas d’accord, nous nous sommes donc abstenus ainsi que nos alliés. Mais cette abstention équivaut à un non. »
Vu sous cet angle, c’est le Maroc qui a gagné. Comme lui, 91 pays – dont la France, l’Espagne et les États-Unis – ont en effet décidé d’être classés dans la colonne abstentions. Un score en progression de 19 points par rapport à un vote similaire survenu en septembre dernier devant la quatrième commission de l’ONU : des pays comme la Belgique, le Danemark, la Pologne, mais aussi le Ghana, le Niger et la RD Congo ont ainsi ouvertement rejoint le camp marocain. En revanche, sept pays, dont le Tchad et Haïti, ont rallié celui de l’Algérie. Parmi les « poids lourds » ayant voté en faveur de la résolution, plusieurs (Grande-Bretagne, Allemagne, Inde, Italie) ont tenu à préciser qu’ils attendaient d’examiner le plan d’autonomie annoncé par le Maroc avant d’aller plus loin. Enfin, on notera qu’à l’instar de ceux de la Chine ou du Mali, les représentants des pays du Maghreb voisins des deux frères ennemis (Mauritanie, Tunisie, Libye) ont prudemment opté pour la cafétéria au moment du vote : ils ont été comptabilisés comme « absents ».
