Le spectre de la guerre
Capitale d’un pays sans État que se disputent, depuis quelque quinze ans, les seigneurs de la guerre, Mogadiscio est tombé, en juin 2006, entre les mains des milices de l’Union des Tribunaux islamiques. Le fragile équilibre géostratégique de la Corne de l’Afrique s’en est trouvé bouleversé. Produit d’une énième médiation régionale, le gouvernement transitoire du président Abdallahi Youssouf ne parvient pas à contenir l’inexorable avancée des fondamentalistes. Il bénéficie pourtant du soutien de l’Éthiopie, dont le Premier ministre, Mélès Zenawi, redoute un réveil de l’irrédentisme somali et menace d’intervenir militairement. Le spectre d’une nouvelle guerre de l’Ogaden plane.
L’Érythrée, qui ne manque jamais une occasion de mettre dans l’embarras son frère ennemi éthiopien, soutient les Tribunaux dans leur djihad contre l’occupant en leur livrant des armes, comme le démontre un rapport de l’ONU. Quant à Yoweri Museveni, le président ougandais, il appelle à une guerre sainte pour « faire échec aux menaces qui pèsent sur les chrétiens de la sous-région ».
Les États-Unis, qui ne font guère de différence entre les talibans afghans et les Tribunaux islamiques somaliens, ont obtenu du Conseil de sécurité de l’ONU, le 6 octobre, l’adoption d’une résolution exigeant le déploiement de Casques bleus. Ce à quoi s’opposent farouchement les nouveaux maîtres de Mogadiscio.
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