Le grand retour

Publié le 2 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

La Chine est indiscutablement à l’origine du retour des grands projets miniers en Afrique. Depuis quatre ans, son appétit d’ogre pour les minéraux et les métaux, sans exception, ne se dément pas. Résultat : les prix ont été multipliés par deux (aluminium), trois (cuivre, or) voire cinq (uranium).
Les multinationales (Anglo-American, BHP Billiton, Rio Tinto) et les opérateurs de moindre envergure (De Beers, Eramet, Cogema, Sumitomo) ont attendu d’être sûrs que cette flambée des cours n’était pas qu’un feu de paille avant de ressortir les projets qui dormaient dans les tiroirs – et ils sont nombreux. Il faut savoir que l’ouverture d’une nouvelle mine et la construction d’une usine de première transformation exigent entre cinq et dix ans d’études et de travaux, et coûtent entre 1 milliard et 5 milliards de dollars
La machine est désormais relancée. Sans attendre les résultats de l’élection présidentielle (novembre-décembre 2006), les grands groupes ont rouvert des bureaux à Kinshasa. Il faut dire que le sous-sol de la RD Congo regorge de minerais de toutes sortes (on parlait naguère à propos de ce pays de « scandale géologique »). De même, Chinois et Brésiliens se sont livrés à une bataille au couteau – remportée par les premiers – pour l’exploitation du gisement de fer de Belinga, au Gabon.
Ici, on met la dernière main à des projets. Là, on en ébauche de nouveaux. On se prépare, par exemple, à extraire de l’uranium en Namibie, du cuivre en Zambie et de l’or au Mali. Dans quelques années, le magnésium congolais et le fer libérien (dans les monts Nimba) seront à leur tour exploités.
L’Afrique ne doit pourtant pas se bercer d’illusions : elle ne dispose pas encore de moyens techniques et financiers suffisants pour valoriser elle-même les richesses de son sous-sol. Ce qui signifie qu’elle sera contrainte de les exporter à l’état quasi brut. Seule l’Afrique du Sud possède le savoir-faire, l’argent et les infrastructures qui lui permettront de s’approprier une part plus importante de la rente minière. Parce que (notamment) l’énergie électrique nécessaire au traitement électrochimique continue de faire gravement défaut au sud du Sahara, l’ilménite malgache partira vers le Canada, le manganèse gabonais vers la France et le cuivre zambien vers la Chine. Seule exception, encore une fois : l’Afrique du Sud.

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