L’argent des émigrés : d’où il vient, où il va

Publié le 2 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

On parle beaucoup des transferts d’argent des émigrés (dans les pays d’émission) ou des immigrés (dans les pays récipiendaires). Un coup de projecteur sur ce phénomène montre qu’il est appelé à prendre encore plus d’ampleur dans les années à venir avec l’augmentation du nombre et surtout l’amélioration du niveau de vie de ceux qui sont déjà sur place.
Les données les plus fiables sont celles de la Banque mondiale (voir notamment le rapport annuel Global Development Finance). Présentées en dix graphiques, elles répondent aux principales interrogations et apportent des clarifications inédites, en particulier sur les émigrés issus des pays en développement.
Comme le montrent les chiffres suivants, l’explosion remonte aux années 1980 : à partir d’un « stock » estimé à 75 millions à la fin de 1960, le nombre des émigrés a augmenté de 5 millions entre 1961 et 1970, de 10 millions entre 1971 et 1980, de 64 millions entre 1981 et 1990, de 21 millions entre 1991 et 2000 et de 16 millions entre 2001 et 2005. La courbe des transferts d’argent a suivi la même ascension, passant de 36 milliards de dollars en 1980 à 268 milliards en 2006.
Ce que l’on sait moins, en revanche, c’est qu’un émigré sur cinq est originaire d’un pays développé. Et qu’un émigré sur deux issu d’un pays en développement a pris le chemin d’un autre pays en développement (courant Sud-Sud). Ce n’est pas le cas pour les émigrés du Nord : un sur dix va vers le Sud et neuf sur dix vont vers le Nord.
Plus nombreux, mais surtout plus solidaires, les émigrés du Sud envoient plus d’argent à leurs familles restées au pays : 75 % de l’argent transféré va vers le Sud, contre 25 % vers le Nord. Les transferts Sud-Sud sont faiblement répertoriés en raison des blocages de change inhérents aux pays du Sud (moins libéraux que ceux du Nord en la matière). Plus nombreux et plus économes, les émigrés d’origine asiatique ont multiplié par 13,5 le montant de leurs transferts (de 6 milliards à 81 milliards de dollars entre 1980 et 2006), ceux d’Afrique et du Moyen-Orient seulement par quatre (de 8 milliards à 32 milliards). L’Inde est le pays qui reçoit le plus d’argent de sa diaspora (23,5 milliards de dollars en 2005). Le Liban et le Maroc pointent respectivement aux 10e et 11e positions (5,7 et 4,7 milliards). Les États-Unis, première terre d’accueil des émigrés, arrivent en tête des pays émetteurs de transferts, avec 40 milliards de dollars en 2005, suivis par l’Arabie saoudite (14,3 milliards). Dans l’ensemble, les flux reçus par les pays en développement prennent désormais une place prépondérante dans leurs balances des paiements : ils représentent trois fois le montant de l’aide publique au développement versée par les pays riches (167 milliards de dollars, contre 53 milliards en 2005). Dans plusieurs pays, les travailleurs émigrés constituent la première ou la deuxième source de devises. Mais les statistiques ne permettent pas encore d’affiner cette donnée en raison de l’importance des flux informels, de main en main (hors des circuits bancaires ou des compagnies de transferts d’argent).

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