Et si le pire était à venir ?

Publié le 2 janvier 2007 Lecture : 2 minutes.

Après la RD Congo et la Côte d’Ivoire en 2006, le Soudan sera presque à coup sûr, cette année, au cur des débats africains du Conseil de sécurité de l’ONU. « À quoi bon envoyer des Casques bleus au Darfour si personne ne veut la paix ? lance un conseiller de Kofi Annan. C’est comme si l’on appelait les pompiers tout en jetant de l’essence sur le brasier. » Le moins que l’on puisse dire est que l’entourage du secrétaire général sortant ne se berce pas d’illusions : « Les deux camps veulent la guerre. À Khartoum, les durs comme Nafi’e Ali Nafi’e l’emportent sur Ali Osman Taha et les modérés. Chez les rebelles, Khalil Ibrahim est poussé par son parent tchadien Idriss Déby Itno. »
Une solution politique est-elle possible ? Au mois de mai, la conférence d’Abuja a été un échec. Parce que seul le chef rebelle Minni Minawi a signé l’accord conclu. Du coup, ses collègues ont redoublé d’ardeur belliqueuse « Après la paix, c’est encore pire qu’avant », constatent amèrement les habitants du Darfour. « Une conférence de ce type ne peut réussir qu’à deux conditions, estime un diplomate. Il faut que les présidents Béchir et Déby Itno se parlent. Et que tous les rebelles signent. » Salim Ahmed Salim, le médiateur de l’Union africaine, sait donc à quoi s’attendre.
« Et si le pire était à venir ? » soupire un haut fonctionnaire onusien, à New York. Le pire, ce serait la réaction en chaîne La guerre en Somalie faisant tache d’huile… Depuis six mois, les Tribunaux islamiques et l’armée éthiopienne s’affrontent entre Mogadiscio et Baidoa. Les premiers sont soutenus par l’Érythrée, qui a une revanche à prendre sur l’Éthiopie depuis sa défaite militaire de 2000. Normal, si l’on peut dire Le fait nouveau, c’est le rapprochement entre les gouvernements érythréen et soudanais. Au mois d’octobre, à Asmara, le second a fait la paix avec les deux mouvements rebelles de l’Est soutenus par le premier. Dès lors, plus rien ne s’oppose à une alliance entre les islamistes de Khartoum et de Mogadiscio contre l’Éthiopie proaméricaine. Conscient de la menace d’encerclement qui se dessine, Mélès Zenawi, le Premier ministre éthiopien, vient de recevoir à Addis-Abeba le général John P. Abizaid, du Central Command de l’armée américaine.
Bien entendu, le pire n’est jamais sûr. Mais à New York, dans l’immeuble de verre de l’ONU, le ton est franchement désabusé : « Au Liberia ou en RD Congo, les conflits étant politiques, on finit toujours par trouver une solution. Mais en Afrique de l’Est, les enjeux sont de plus en plus idéologiques. Les islamistes d’un côté, les pro-Occidentaux de l’autre. Et ça change tout ! »

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