Arnold Ekpe, directeur général d’Ecobank : « Cap sur le Centre et l’Est »
Jeune Afrique : 2006 aura-t-elle été une bonne année pour les comptes d’Ecobank ?
Arnold Ekpe : Je peux vous dire que nous avons enregistré des améliorations significatives en termes de total de bilan, d’activité et de profits. Fin novembre, nous avons publié des résultats intermédiaires pour les trois premiers trimestres. Ils révèlent une hausse de 73 % des actifs par rapport à la même période de 2005, et de 139 % du bénéfice net avant impôt. Nous avons maintenu des taux de performances identiques sur l’ensemble de l’année 2006.
Depuis le 11 septembre dernier, votre groupe est coté dans trois places boursières, Accra, Abidjan et Lagos. L’action est montée en flèche avant de se stabiliser. Comment expliquez-vous cet essoufflement ?
Cela est dû à la combinaison de deux facteurs. D’abord, certains de nos actionnaires ont souhaité céder leurs parts pour encaisser des profits. Il faut dire qu’en un an et demi, la valeur du groupe a été multipliée par presque huit ! Ensuite, il y a le fait que nous soyons cotés sur trois marchés différents, sur lesquels nous n’avons pas seulement introduit la maison mère, ETI, mais aussi Ecobank Ghana, Ecobank Nigeria Je pense que nous n’avons pas suffisamment informé les places boursières sur les différences entre les unes et les autres. Mais nous avons pris des dispositions pour y remédier.
Est-ce que ces entrées en Bourse ont modifié la distribution du capital entre vos actionnaires de référence ? En avez-vous conquis de nouveaux ?
Nous n’avons pas d’actionnaires de référence. Nous n’avons pas un seul propriétaire. Notre actionnariat est très vaste, et le simple fait de devenir actionnaire d’Ecobank ne donne pas automatiquement un siège au conseil d’administration. Des actionnaires importants comme le fonds d’investissement EMP Africa, ou encore Kingdom Holdings, du milliardaire saoudien Al-Walid, ne siègent pas au conseil d’administration. Il n’y a pas eu de mouvements importants. Certains de nos grands actionnaires ont même saisi l’occasion pour augmenter leur participation. Et ils ont été rejoints par des institutionnels européens, notamment le fonds d’investissement UBS Asset Management.
Pour une banque panafricaine, vous êtes surtout implanté en Afrique de l’Ouest. Quelle est votre stratégie d’expansion ?
Notre stratégie, c’est l’Afrique. C’est de couvrir progressivement ce que nous appelons « l’Afrique du milieu ». C’est-à-dire tous les pays situés entre l’Afrique du Sud et le Maghreb. Nous sommes présents dans tous les pays d’Afrique de l’Ouest – sauf en Gambie, où nous ouvrons une filiale au premier trimestre de 2007 -, parce que c’est là que nous sommes nés. Nous cherchons désormais à nous installer en Afrique centrale, qui est une région de forte croissance grâce au pétrole. Nous sommes implantés au Tchad, nous le serons bientôt au Congo-Brazza, en Centrafrique et en Guinée équatoriale. Nous avons également des visées en Afrique de l’Est ; elles devraient se concrétiser rapidement.
Est-ce que vous ambitionnez d’ouvrir un bureau en Europe, ou ailleurs ?
Il est en effet dans nos intentions de nous établir dans les grands centres de la finance internationale. Nous avons déjà obtenu les accords pour nous installer à Paris, où nous ouvrirons un bureau dans le courant de 2007. Nous commençons par la France en raison de nos activités actuelles, principalement situées en Afrique de l’Ouest. Cela ne nous empêchera pas de nous installer ensuite dans d’autres capitales. Nous ouvrirons aussi, toujours en 2007, deux autres bureaux internationaux, l’un en Chine, l’autre en Afrique du Sud.
Disposez-vous, en Afrique, de toutes les ressources humaines dont vous avez besoin ?
Hélas, non. Si c’était le cas, notre expansion géographique serait peut-être encore plus rapide ! Il y a là un vrai problème, et nous ne sommes pas les seuls à le connaître. J’en ai discuté avec beaucoup de confrères. Comme l’Afrique va mieux, les banques sont plus nombreuses à devoir se partager la même quantité de personnel qualifié. Il appartient à chacun de nous de faire un gros effort de formation.
Vous êtes établi aujourd’hui dans quinze pays. Comment gérez-vous les différences culturelles, dans le personnel, ou dans la clientèle ?
Cela fait dix-huit ans que nous pratiquons l’environnement multiculturel. Nous employons 3 500 collaborateurs, de quinze nationalités. Mais nous ne disons pas de quel pays nous venons, nous disons que nous sommes d’Ecobank. C’est une culture unique en son genre. C’est même devenu un avantage par rapport à nos concurrents. Aucune autre banque ne fait comme nous. Les banques du Nigeria, par exemple, sont nigérianes, et elles voudraient devenir africaines. Idem pour les sud-africaines. Ecobank, depuis l’origine, est africaine.
Maintenez-vous l’objectif d’être présent dans vingt-cinq pays en 2010 ?
Cet objectif sera même atteint un peu plus tôt, probablement dans le courant de 2009.
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