Zanzibar : autant d’experts que d’habitants ?

Publié le 26 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les touristes « rappliquent » à Zanzibar. Le célèbre M. Hilton négocie avec les autorités de l’île la construction d’un luxueux hôtel qui portera son nom. Les Américains y édifient une école moderne. Quant aux Allemands de l’Est, ils se sont attelés à d’ambitieux projets immobiliers. Ils ont pris la peine d’importer de leur pays les briques, la chaux et le ciment, bien qu’il y ait de la chaux à Zanzibar, d’excellentes briques et tout le ciment qu’il faut dans le proche Tanganyika.
Pour leur part, des médecins chinois peuplent le vieil hôtel de Zanzibar, qui demeure tenu par ses anciens propriétaires aussi anglais qu’imperturbables. Les Chinois ne font pas que soigner les Zanzibaris. Ils entraînent aussi un tiers de l’armée révolutionnaire, tandis qu’à proximité du camp « chinois » des Allemands de l’Est et des Soviétiques assurent la formation des deux autres tiers de la même armée. On ne se parle pas d’un camp à l’autre. Les Chinois n’ont pas plus de rapports avec les Allemands et les Russes de l’île qu’avec les Américains.
À ce compte, Zanzibar bat de très loin le record du monde du nombre d’experts étrangers par tête d’habitant. Ils sont tous « les uns sur les autres », et les diplomates n’ont là-bas aucun mal à se surveiller mutuellement.
Pour les Chinois, il s’agit d’enfoncer un coin dans l’Afrique orientale, centrale et méridionale. Les Allemands de l’Est s’efforcent de tenir en échec la doctrine Hallstein, en vertu de laquelle aucun pays ne saurait entretenir des relations simultanées avec les deux Allemagnes. La présence soviétique a pour objet d’aider les Allemands de l’Est et de bloquer le jeu chinois. Quant aux Américains, ils concurrencent à la fois l’action de la Chine et celle de la Russie. Les Britanniques, anciens maîtres de l’île, se placent bons derniers dans cette compétition générale.
Pour compléter le tableau, mentionnons que le Canada vient, à son tour, de décider l’envoi d’une mission militaire qui formera les cadres zanzibaris et pourvoira à leur équipement. Jamais auparavant on ne vit autant d’États rivaliser de sollicitude à l’égard des gouvernants « révolutionnaires » d’une petite île dont on ne respectait jusque-là que les clous de girofle.

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