Youssouf Fofana

Ancienne vedette internationale du football ivoirien.

Publié le 26 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Youssouf Fofana est un homme occupé. Au point de passer pour un nomade tant il est difficile de savoir, quand vous l’avez au téléphone, s’il vous parle de sa maison de Cocody à Abidjan, du plateau, au siège de l’Asec, le club qui l’a formé, ou de Doha au Qatar, où il effectue des séjours réguliers – deux voyages ces cinq dernières semaines. Il y a en effet gardé des contacts « solides », notamment en Arabie saoudite, dernière escale de sa carrière professionnelle. Aujourd’hui directeur sportif de l’Asec Mimosas et homme d’affaires prospère, Youssouf Fofana tire bien son épingle du jeu. Ses « prudents investissements » dans l’immobilier commencent à porter leurs fruits et, à l’entendre, sans la crise politico-militaire dans son pays, il aurait investi davantage dans ce secteur.

Depuis son retour en 1998, Youssouf Fofana consacre l’essentiel de son temps au club de ses débuts, consulté autant sur les questions de recrutement des joueurs que sur celles liées aux contrats professionnels. Influent conseiller de Me Roger Ouégnin, président de l’Asec depuis 1989, il donne aussi son avis sur le fonctionnement de l’« Académie », le centre de formation des jeunes. Toujours aussi réservé qu’à ses débuts, presque timide et mesuré dans ses propos, l’ancien maître à jouer des Éléphants, la sélection nationale, est tout en nuances. Sans doute le souci de ménager des susceptibilités. Sa mission chez les Mimos semble être celle de VRP du club le plus titré de Côte d’Ivoire. Un rôle qui lui va d’autant plus qu’il peut compter sur le réseau de relations qu’il a su tisser au cours d’une carrière démarrée sous de bons auspices. Il se sent bien à l’Asec et affiche quelques kilos de plus qu’il y a une dizaine d’années, signe que les longues séances d’entraînement sont un lointain souvenir.
Né le 26 juillet 1966 à Divo (ouest de la Côte d’Ivoire), le jeune Youssouf Falikou Fofana est admis dès 14 ans à l’école de football du club phare d’Abidjan. C’est à l’équipe nationale qu’il connaît ses moments les plus intenses. « J’ai le sentiment d’y avoir joué à une époque où l’amour du maillot comptait plus qu’aujourd’hui et où le football était plus sain », laisse-t-il entendre. « S’il y avait eu plus d’organisation, nous ne serions pas passés à côté de tant de coupes d’Afrique des nations », déplore-t-il cependant. La campagne victorieuse de la Coupe d’Afrique des nations (CAN) en 1992 à Dakar fut, d’après lui, le fait d’une génération solidaire arrivée à maturité. Pour traduire l’« esprit de sacrifice » qui les animait, il revient avec ravissement sur un épisode qui contribua à faire grimper sa cote auprès des supporteurs ivoiriens. Un jour de 1985, un vendredi, à quarante-huit heures d’un match décisif contre le Ghana, le joueur est blessé au bras à Monaco et remplacé. Le coude dans le plâtre, Youssouf embarque à 1 heure du matin à l’aéroport de Nice pour Abidjan. Le dimanche, il sera l’artisan de la victoire de son pays.

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En signant le 10 octobre 1984 son premier contrat avec l’AS Cannes, Youssouf Fofana devient le plus jeune professionnel ivoirien. Ce transfert est l’occasion de la première passe d’armes entre Me Ouégnin et le Français Jean-Marc Guillou alors entraîneur de l’équipe de la Croisette. C’est le président Houphouët qui dut, au final, autoriser le départ du joueur. Youssouf ne passera que quelques mois du côté de la Croisette, avant de découvrir la première division française sous les couleurs de Monaco. Comme ailier, le joueur se distingue par son pied gauche « magique », ses frappes sèches et une grande rapidité d’exécution. L’Ivoirien n’est pas un grand buteur (28 buts), davantage un régulateur du jeu des rouge et blanc. La victoire en 1989 de son club contre le FC Bruges (6 buts à 1) en Coupe des clubs champions, actuelle Champion’s League, reste son meilleur souvenir sur le Rocher. Il marqua alors 3 buts, donnant à Monaco sa première qualification pour des quarts de finales d’un championnat d’Europe. Quand il quitte Monaco en 1993, Fofana, blessé, rejoint Bordeaux pour une saison, puis ce sera la Turquie, le Japon et l’Arabie saoudite. Opéré au genou, il ne connaîtra plus une réussite à la hauteur de ses grandes qualités.
Aujourd’hui, il suit avec attention les exploits de ses « petits frères » Didier Drogba de Chelsea, à qui il reconnaît « du mérite », et Akalé Nkanga d’Auxerre, dont la rapidité n’est pas sans rappeler celle du grand footballeur que fut Youssouf.

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