Sans détours

Publié le 26 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Toujours bardé de titres ronflants et prompt à épiloguer sur le sexe des anges, le politicien congolais ne brille guère par son sérieux. C’est, en tout cas, le constat froid établi par le nouveau patron de la diplomatie belge, Karel De Gucht, lors d’une escale à Kigali le 16 octobre : « J’ai rencontré au Congo peu de responsables politiques qui m’ont laissé une impression convaincante. Au Rwanda, au moins, il y a un État, et on s’efforce de gérer [le bien public] de manière correcte. » Ces propos fort peu diplomatiques ont suscité l’ire des autorités de Kinshasa qui ont aussitôt rappelé leur ambassadeur à Bruxelles. « Nous constatons que la Belgique a besoin d’un ministre des Affaires étrangères qui soit un diplomate », a réagi, non sans humour, le ministre congolais de l’Information et de la Presse, Henri Mova Sakanyi. « On ne peut conduire la politique d’un État en se faisant expert en vociférations, en invectives, en quolibets et en paternalisme… »
Le ministre belge n’a pourtant fait qu’exprimer à haute voix ce que beaucoup d’autres, et pas seulement des Occidentaux, pensent d’un personnel politique volontiers phraseur, adepte de la « mangercratie » et rompu au nomadisme. On se souvient de la volée de bois vert que reçut Abdoulaye Wade, alors ministre d’État, lorsqu’il osa briser un tabou en déclarant, au début des années 1990, que les « Zaïrois manquaient cruellement de culture politique ». On sait pourtant qu’il a fallu un long séjour, tous frais payés, dans de luxueux hôtels de Sun City, en Afrique du Sud, pour persuader les politiciens congolais de composer et d’accepter le principe d’un gouvernement d’union nationale de transition.

De même, les bailleurs de fonds sont souvent sidérés, lorsqu’ils passent à Kinshasa, d’entendre leurs interlocuteurs se plaindre de ne pas avoir de quoi acheter des cartes rechargeables pour leurs innombrables téléphones cellulaires dernier cri. Les mêmes n’en croient pas leurs yeux, dans un pays démuni, de se voir systématiquement réclamer, dans le cadre de projets de développement, de beaux bureaux, des véhicules 4×4, des téléphones satellitaires et tutti quanti.
Récemment encore, un groupe « d’experts » du Parlement congolais chargés de rédiger le projet de Constitution a exigé un per diem consistant (plusieurs centaines de dollars) pour chacun de ses membres avant d’accepter de s’isoler pour travailler dans une ville de province dont – soit dit en passant – les enseignants n’ont pas perçu le moindre dollar de salaire depuis plusieurs années. Il est vrai que les députés congolais de la transition ont cette particularité de ne pas avoir été élus et, donc, de ne pas avoir de comptes à rendre au peuple.

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