Profession : pharaon

L’Institut du monde arabe dévoile toutes les facettes de ces personnages fabuleux qui ont régné sur l’Égypte pendant plus de trois millénaires.

Publié le 26 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Khéops, Akhénaton, Toutankhamon, Ramsès… Ils sont quelque quatre cents pharaons, plus ou moins connus du grand public, à avoir régné sur l’Égypte pendant plus de trois millénaires. Jusqu’au 10 avril 2005, l’Institut du monde arabe (IMA) de Paris leur consacre une exposition inédite. Plus de deux cents oeuvres, venues pour l’essentiel des musées du Caire et du Louvre, à Paris, sont rassemblées pour dévoiler les multiples facettes ce personnage mi-Dieu mi-homme qui a nourri bien des imaginaires au-delà des siècles et des frontières.
Les expositions suscitées par l’Égypte ancienne connaissent un succès jamais démenti. Mais, jusqu’à présent, explique Christiane Ziegler, commissaire scientifique de l’exposition et responsable des antiquités égyptiennes au Louvre, « elles ont été conçues soit dans une perspective historique – autour d’une période, d’un roi, d’une capitale -, soit autour de quelques thèmes porteurs : la religion, les coutumes funéraires, la vie quotidienne. Pour mieux faire comprendre cette civilisation, un nouveau fil conducteur s’est imposé à moi : le pharaon. »
Bien qu’auréolé d’une essence divine, le pharaon est d’abord un roi et se doit d’en porter tous les attributs. On le représente coiffé du némès, une sorte de cache-perruque rayée et frappée de l’uranaeus, le cobra solaire. Il est paré du chendjit, ou pagne royal, et c’est la queue d’un animal qui lui sert de ceinture. Autres symboles de son autorité : les sceptres d’Osiris. La légitimité du pharaon doit également être reconnue par tous les dieux puisqu’il est le récipiendaire de leur pouvoir. C’est donc à lui, logiquement, d’officier le culte au temple. En réalité, il délègue cette tâche à des prêtres, sauf à l’occasion des grandes célébrations religieuses, comme la fête d’Opet à Karnak.
Le pharaon a fort à faire pour assurer l’équilibre du monde et préserver la grandeur de l’Égypte. Les faits d’armes de ce roi-guerrier sont abondamment représentés sur les bas- reliefs des temples, même si, en réalité, l’existence du monarque est bien moins belliqueuse qu’il n’y paraît. Il passe plus de temps à donner des ordres à ses ministres, affectés à un domaine précis selon une hiérarchie figée, qu’à conduire ses troupes à la bataille.
Le pharaon veille aussi sur ses concubines. Alors que l’Égyptien de base est monogame, le souverain se doit d’avoir plusieurs épouses secondaires. Elles sont généralement des princesses étrangères, ce qui permet de tisser des liens diplomatiques avec de nombreux pays. Si ces femmes sont confinées dans un « harem », ce dernier est très éloigné du modèle oriental associé à l’oisiveté et à la sensualité. En Égypte, il s’agit d’une véritable institution avec ses activités économiques comme le tissage ou le travail du bois. Mais c’est aussi un lieu où se fomentent les complots, car, normalement, seule la grande épouse donne un héritier au pharaon. Or Ramsès II aurait eu plus de cinquante fils et autant de filles…
Cette partie de l’exposition est sans doute la plus originale, car elle retrace la vie quotidienne du monarque. Celle-ci est particulièrement méconnue parce que les palais étaient construits en brique crue, matériau qui n’a pas résisté au temps. On devine pourtant, grâce, par exemple, à un fragment de décor de mur et ses « motifs naturalistes », à quel point l’intérieur de ces palais était raffiné. Les reines étaient, semble-t-il, coquettes : elles se maquillaient, comme en témoignent les miroirs, peignes ou encore pots à khôl trouvés dans les tombes, et se paraient de magnifiques bijoux.
C’est finalement grâce à sa mort et à son désir d’éternité que le pharaon a dévoilé ses secrets. Quelle que soit la forme du tombeau – pyramide, mastaba, hypogée ou encore simple caveau de pierre comme celui de Psousennès -, la sépulture est une véritable maison, qui contient tout ce qui est nécessaire à la vie dans l’au-delà (vaisselle, bijoux, armes, etc.). Malheureusement, seul le tombeau de Toutankhamon, dans la Vallée des rois, a été épargné par les pillards. La cité de Tanis, au nord-est du Caire, regorge elle aussi de trésors, à l’instar du masque mortuaire de Psousennès Ier, en or, pour symboliser le soleil sans cesse renaissant, auquel le pharaon associe sa destinée.

Pharaon, du 15 octobre 2004 au 10 avril 2005, Institut du monde arabe, Paris, Tél. : 33 1 40 51 38 38.

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