Contestation au Soudan : Khartoum annonce la libération de toutes les personnes détenues

En geste d’ouverture après des semaines de contestation, les autorités soudanaises ont annoncé la libération de toutes les personnes détenues dans le cadre des manifestations contre le président Omar el-Béchir.

Des manifestants soudanais à Khartoum, le 31 décembre 2018. © AFP

Des manifestants soudanais à Khartoum, le 31 décembre 2018. © AFP

Publié le 29 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.

« Le chef du Service national du renseignement et de la sécurité (Salah Ghosh) a émis un ordre de libération de toutes les personnes détenues lors des incidents en cours », a annoncé mardi 29 janvier dans un communiqué le ministère de l’Information.

Depuis le début de la contestation en décembre, le puissant Service national du renseignement et de la sécurité (NISS) mène la répression des manifestations et a détenu plus de 1 000 manifestants, leaders de l’opposition, militants et journalistes, selon des ONG.

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Les États-Unis et l’Union européenne avaient appelé mi-janvier le Soudan à libérer les activistes « arbitrairement » détenus, et les Américains avaient mis dans la balance la poursuite de l’amélioration des relations bilatérales.

Au moins 30 morts

Un peu avant cette annonce, le chef adjoint de l’état-major a de son côté souligné que les forces armées soudanaises (SAF) étaient « prêtes à faire face à toutes sortes de menaces », sans en préciser la nature, selon l’agence officielle Suna. Il s’agit de la première prise de position au sein de l’institution militaire depuis le début du mouvement.

Le Soudan est secoué depuis le 19 décembre par des manifestations déclenchées par la décision du gouvernement de tripler le prix du pain. Le mouvement s’est rapidement transformé en contestation du pouvoir du président Omar el-Béchir, au pouvoir depuis 1989. Selon un bilan officiel, 30 personnes ont perdu la vie depuis le début du mouvement. Mais plusieurs ONG évoquent plus de 40 morts.

Poursuite des manifestions

L’annonce de ces libérations n’a toutefois pas empêché les manifestations. Mardi, de nouveaux rassemblements ont été dispersés par les policiers qui ont fait usage de gaz lacrymogènes à Khartoum et dans la ville voisine de Omdourman.

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À Port-Soudan (nord-est), des membres de tribus ont organisé un sit-in pour réclamer la démission d’Omar el-Béchir et commémorer la mort, il y a 14 ans, de 21 membres des tribus Beja, tués au cours de manifestations visant à réclamer au pouvoir central une meilleure répartition des ressources.

« Nous ne faisons pas que le deuil des morts de 2005, nous faisons aussi celui de ceux qui sont morts dans le soulèvement depuis décembre », a déclaré Abdallah Mussa, militant issu d’une tribu Beja.

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« Complot de l’ennemi »

Le président Béchir a refusé de démissionner et imputé les violences lors des manifestations à des « conspirateurs ». De l’avis de plusieurs analystes, ce mouvement de contestation est le plus important défi auquel le chef de l’État soudanais est confronté en trois décennies.

Plus tôt dans la journée de mardi, le général Essameddine Mubarak, chef adjoint de l’état-major, a confirmé devant des officiers à Omdourman que les forces armées étaient « prêtes à répondre à tout complot de l’ennemi », sans soutenir toutefois explicitement le président soudanais.

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