Zimbabwe : remise en liberté du pasteur Evan Mawarire, porte-drapeau de la contestation

En geste d’apaisement après deux semaines d’une brutale répression, le pasteur et opposant Evan Mawarire, arrêté pour « subversion » dans la foulée des récentes émeutes contre la hausse des prix du pétrole, a été remis en liberté mardi.

Evan Mawarire, le 19 mai 2016 à Harare. © Jekesai Njikizana/AFP

Evan Mawarire, le 19 mai 2016 à Harare. © Jekesai Njikizana/AFP

Publié le 29 janvier 2019 Lecture : 2 minutes.

Sur demande de ses avocats, un tribunal de la capitale Harare a ordonné sa libération contre le versement d’une caution de 2 000 dollars, une décision prise mardi 29 janvier à l’encontre des réquisitions du parquet. Selon ses avocats, il devrait quitter mercredi la prison de haute sécurité de Chikurubi, dans la banlieue d’Harare.

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Porte-drapeau de la fronde antigouvernementale de 2016, le pasteur Evan Mawarire avait été arrêté le 16 janvier dernier à son domicile d’Harare. Il est accusé de « subversion » et d’« incitation à la violence » pour avoir relayé sur les réseaux sociaux un appel à la grève générale, lancée par le principal syndicat du pays. « Je n’ai absolument rien fait de ce que l’on me reproche », avait-il déclaré à la presse.

Les avocats dénoncent les procès à la chaîne

Le Zimbabwe a sombré dans une crise après la décision du gouvernement, le 12 janvier, d’augmenter de plus de 150% les prix des carburants. Cette annonce a provoqué de violentes émeutes contre le président Emmerson Mnangagwa, dont le gouvernement a riposté par une répression brutale.

Selon les ONG, celle-ci a provoqué la mort d’au moins 12 personnes et fait des centaines de blessés. Un millier de personnes ont également été arrêtées, dont de nombreux opposants au régime.

Mardi, plusieurs dizaines d’avocats en robe ont défilé dans le centre d’Harare pour dénoncer les procès à la chaîne intentés contre les participants à la fronde sociale et exiger le « retour de l’État de droit » dans le pays. « Dans le cas de personnes accusées de violences, la majorité s’est vu refuser une libération conditionnelle, la majorité a commencé à être jugée sans qu’on ait pu se préparer. C’est une atteinte à leur droit constitutionnel », a expliqué un manifestant, Tonderai Bhatasara.

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Exactions policières

Le chef de l’opposition, Nelson Chamisa, a estimé mardi que la répression de la contestation était pire que celle sous le règne de l’ex-président Robert Mugabe. « Ce que nous voyons en ce moment constitue une escalade (…) qui fait ressembler Mugabe à un enfant en matière de terreur », a déclaré Nelson Chamisa, président du Mouvement pour un changement démocratique (MDC).

S’il a justifié l’intervention des forces de l’ordre contre les auteurs de violences, le président Emmerson Mnangagwa, au pouvoir depuis 2017, a promis des enquêtes et des sanctions contre les auteurs de violences policières, dont les plaintes sont nombreuses. La police a par ailleurs appelé les victimes de viols à se faire connaître, après les accusations de violences sexuelles lancées par des ONG contre les forces de l’ordre.

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