Le pétrole… et l’après-pétrole

La production de brut continue de croître, mais les réserves ne sont pas éternelles. Pour préparer l’avenir, le pays doit dès maintenant diversifier ses ressources. Du bois au magnésium, les possibilités ne manquent pas.

Publié le 25 octobre 2004 Lecture : 3 minutes.

Après plusieurs mois d’un bras de fer entre le gouvernement du Congo et le groupe français Total (qui produit les deux tiers de l’or noir congolais) sur la répartition des bénéfices du pétrole, un consensus a pu être trouvé. Il a été formalisé dans un avenant à la convention d’établissement de 1968 entre les deux parties, et dans un contrat de partage de production relatif au permis « Haute mer C » au large des côtes congolaises. Les deux accords, repris sous forme de projets de loi, ont été approuvés par l’Assemblée nationale le 28 août. Ils fixent l’essentiel des droits pétroliers du Congo pour les années à venir. Le nouveau contrat de partage a défini un mode plus équitable de répartition du brut. Pour une production comprise entre 0 et 100 millions de barils par an, le Congo bénéficiera de 40 % des extractions et Total de 60 %. Si celles-ci dépassent les 100 millions, chacune des deux parties aura 50 %. On est loin du schéma antérieur dans lequel la part du pays ne franchissait jamais la barre des 20 %.
Les autorités congolaises ont donc, en partie, corrigé ce qu’elles estimaient être une injustice. Mais elles n’ont pu obtenir les compensations qu’elles souhaitaient, ce que n’ont pas manqué de souligner les députés de l’opposition. Les pouvoirs publics réclamaient 500 millions de dollars au groupe français, à la suite des pertes causées au Congo par le passage en 1994 du système des contrats de concession à celui du partage de production, et par le bradage par le régime d’alors des parts du pays dans le capital d’Elf-Congo (aujourd’hui filiale de Total). À la suite de la résistance de Total, le Congo a dû se satisfaire, selon une source gouvernementale, d’un peu plus de 100 millions de dollars au titre des réparations.
Quelles seront les retombées de ce nouvel accord sur le quotidien des Congolais ? La question est sur toutes les lèvres. Trente ans après l’extraction du premier baril dans leur pays, nombre de Congolais vivent en effet dans l’indigence (70 % de la population est en dessous du seuil de pauvreté), et sont dans leur majorité privés d’électricité, d’eau potable, de routes, d’hôpitaux ou d’établissements scolaires de qualité…
Pour éviter de rééditer les erreurs du passé, le gouvernement a décidé de moraliser la gestion du secteur sous la pression de la communauté financière internationale et d’ONG tant nationales qu’internationales. Il a accepté en 2003 de soumettre la Société nationale des pétroles du Congo (SNPC), l’entreprise publique qui commercialise la production pour le compte de l’État, à un audit du cabinet KPMG. Dans son rapport daté du 1er août 2003, le cabinet américain écrit : « La SNPC se structure de plus en plus, les délais de clôture et la qualité des états financiers s’améliorent, le suivi des opérations financières se renforce, des efforts qui participent à un progrès certain en matière de transparence. »
L’argumentation n’a pas convaincu outre mesure la Fédération internationale des Ligues de droits de l’homme, qui a rétorqué, dans un rapport daté du 17 mai 2004 au titre évocateur (« Gestion de la rente pétrolière au Congo-Brazzaville : mal gouvernance et violations des droits de l’homme ») : « Les auditeurs de KPMG n’ont pas eu accès à toutes les dépenses faites directement par la SNPC pour le compte de l’État. »
En attendant, une dizaine de compagnies poursuivent l’exploration et l’exploitation de l’or noir, qui représente 70 % des recettes d’exportation du pays. Les autorités prévoient une hausse de la production en 2004 à 12,15 millions de tonnes (240 000 barils/jour), en légère hausse par rapport à 2003 (11,3 millions de tonnes).
À en croire le directeur général des hydrocarbures, Nestor Tchissambot Makosso, le pays a défini une politique axée sur la promotion de la recherche sur les zones libres, et sur le développement des gisements marginaux découverts et non encore exploités. Dans ce cadre ont été identifiées cinq « zones pétrolifères libres de tout engagement contractuel » (Marine III, Marine VII, Haute mer, etc.) proposées aux investisseurs. Le groupe Maurel & Prom a ainsi engagé 70 millions de dollars d’investissement depuis le début de l’année 2004.
Les champs pétroliers en production et certaines structures forées recèlent par ailleurs du gaz, dont on estime la quantité à une centaine de milliards de m3. Le Congo s’oriente également vers la mise en valeur du magnésium. Le sous-sol congolais en contient des quantités estimées à plusieurs milliards de tonnes. D’ores et déjà, il faut songer à l’après-pétrole, que nombre d’experts projettent à partir de 2015. Et penser à aider la population à valoriser les immenses ressources forestières et agricoles du pays.

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