La bataille fait rage

Malgré la concurrence entre opérateurs public et privés, les usagers paient toujours le prix fort.

Publié le 25 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Les télécommunications congolaises traversent une période agitée. Principale raison ? La bataille que se livrent les secteurs privé et public pour le contrôle des communications internationales. Dans la plupart des pays, l’opérateur national dispose, pour des raisons historiques, des infrastructures de base telles que le réseau téléphonique fixe et les liaisons par satellite ou par câble avec le reste du monde. Même s’il a été privatisé, il en conserve la maîtrise et peut les sous-louer aux privés pour leurs activités (Internet, téléphonie mobile, etc.). Au sortir de la guerre en 1997, le Congo s’est tourné vers des sociétés commerciales pour réhabiliter les réseaux et les structures existantes, ces travaux étant financés en partie par des droits de communication à l’international. Si bien qu’aujourd’hui l’État n’en a plus guère la maîtrise : « Les services secrets ne peuvent même plus contrôler les communications d’éventuels fauteurs de troubles », explique l’administrateur général de la Société des télécommunications du Congo (Sotelco), l’entreprise publique issue de l’ex-Office national des postes et télécommunications (ONPT). René Serge Blanchard Oba demande donc aux autorités de rétablir le monopole public « parce qu’il s’agit d’une question de souveraineté ». Pour les opérateurs privés de Brazzaville, le patron de la Sotelco veut avant tout sauver sa peau. L’entreprise publique est en proie à d’insurmontables problèmes de trésorerie dus, selon Oba, au non-paiement des factures téléphoniques par l’État, qui aurait plus de 5 milliards de F CFA (7,6 millions d’euros) d’arriérés. En devenant incontournable sur les communications internationales, la Sotelco pourrait engranger de l’argent frais, qui lui permettrait de développer ses infrastructures. Elle dispose de trois stations de communication par satellite, à Brazzaville, Pointe-Noire et Oyo, et deux autres sont prévues à Ewo et Impfondo. Mais, pour l’instant, la société publique manque de ressources pour utiliser pleinement ces infrastructures. En raison d’importants impayés auprès de l’opérateur mondial de liaisons par satellite Intelsat, la Sotelco en est réduite à acheter ses communications internationales… à ses concurrents privés, ce qui engendre des surcoûts. Ces dernières années, l’entreprise a perdu de nombreux clients. Les opérateurs pétroliers, par exemple, préfèrent exploiter leurs propres réseaux satellites pour rester en liaison avec leurs maisons mères en Europe et aux États-Unis. Si bien que l’opérateur public ne pèse plus très lourd sur le marché de la téléphonie. Celtel (54 % de l’activité) et Libertis (41 %) se taillent la part du lion, loin devant la Sotelco (4 %). Le chiffre d’affaires mensuel du fixe et du mobile est estimé à 10,3 milliards de F CFA. Actuellement, la Sotelco se tourne vers les banques sud-africaines pour faire financer son projet de couverture nationale. Mais beaucoup doutent de sa capacité à lever de nouveaux fonds.
Les usagers, pour leur part, payent les communications internationales au prix fort, entre 650 F CFA et 1 000 F CFA la minute avec un portable. Ils sont donc de plus en plus nombreux à utiliser les cabines téléphoniques qui proposent l’appel international à 250 F CFA la minute. La communication transite par le réseau de Vodacom, opérateur installé à Kinshasa. Une importante différence de prix qui explique que les Congolais de Brazza téléphonent désormais en passant par l’autre rive du fleuve.

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