Est-ce la faute à la Banque mondiale ?

Publié le 26 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Si Béchir Ben Yahmed se défend d’être un « fan » de la Banque mondiale (voir « Ce que je crois », n° 2283, pp. 4-5), il n’en apprécie pas moins la rafraîchissante franchise de
son président. Pourtant, son jugement sur l’institution est faux, mal informé et injuste. Il est en outre très largement dépassé, et ses rares rencontres avec des cadres de la Banque « sur le terrain » remontent certainement à quelques longues années.
Béchir Ben Yahmed admet que « de 1980 à 2001 la proportion d’êtres humains vivant en dessous du seuil de pauvreté a été réduite de moitié » et que « l’espérance de vie a augmenté de vingt ans dans les pays en développement ». Nous sommes loin du compte certes, mais ce n’est pas négligeable et, pour ma part, je reste convaincu que ce maigre résultat nous le devons à la Banque mondiale. Pour avoir partagé pendant une vingtaine d’années les activités de la Banque exclusivement en Afrique , j’en arrive à considérer qu’en matière de développement la Banque mondiale reste l’institution la plus performante. Mais voilà, la Banque, c’est aussi le parfait bouc émissaire. À la moindre difficulté, c’est la faute à la Banque.
La Banque est-elle responsable des budgets militaires vertigineux qui privent d’autant l’aide aux pays pauvres ? Est-ce la faute à la Banque si aucun pays (ou presque) n’a atteint la contribution de 0,7 % de son PIB pour l’aide au Tiers Monde, pourtant votée
et reconnue indispensable pour le monde entier ? La Banque porte-t-elle la responsabilité de l’absence totale de démocratie ou de la qualité médiocre de bon nombre de gouvernances ?
Béchir Ben Yahmed évoque aussi la versatilité dans la politique de la Banque. Il est heureux qu’en soixante ans d’existence cette honorable institution songe à mettre à jour sa politique d’intervention, mais il est bien évident également que les erreurs ne sont pas exclues et corrigées aussitôt reconnues.
Quant à l’arrogance de ses fonctionnaires, c’était vrai il y a quarante ou cinquante ans, mais elle n’est plus de mise pour une raison au moins, l’amélioration de la qualité des responsables des pays demandeurs qui formulent leurs demandes et négocient leurs contrats. Elle a été tout simplement spectaculaire au cours de ces vingt à trente années en Afrique aussi. En dehors des ministères, les cadres de la Banque en mission passent le plus clair de leur temps dans les salons des grands hôtels. C’est tout à fait vrai, mais vous, journalistes, savez mieux que quiconque que c’est bien là qu’on glane les meilleures
informations.

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