Ce que Mbeki va faire
Réélu avec presque 70 % des voix en avril, le président sud-africain Thabo Mbeki a désormais les coudées franches. Il est en mesure de passer de la réconciliation nationale à marche forcée à une approche plus pragmatique pour donner un contenu aux espoirs nés de la fin de l’apartheid.
Les projets de son second mandat – lancement de grands travaux, élargissement du réseau ferroviaire, fourniture d’eau potable à tous les citoyens – peuvent paraître banals. Mais les enjeux sont énormes et dépassent les frontières de son pays.
L’Afrique du Sud – avec une population de 45 millions d’habitants, une démocratie stable et une économie qui crée plus de 38 % de la richesse en Afrique subsaharienne – est la nation la mieux placée pour définir un système économique propre au continent et un leadership politique. D’ailleurs, Thabo Mbeki voit plus loin : il ne vise rien de moins que la renaissance africaine, c’est-à-dire le renforcement de la politique et de l’économie du continent ainsi que la restauration de « la dignité de tous les Africains ».
Chez lui, Mbeki se concentre sur ce qu’il considère être le problème essentiel : les « deux économies » de la nation Arc-en-Ciel. La première exporte des BMW, investit dans les hautes technologies, développe ses services bancaires et produit en grande quantité des matières premières rares (or, platine). La seconde n’est même pas une économie. Elle rassemble les chômeurs, soit environ 42 % des hommes et des femmes en âge de travailler.
Pour favoriser la croissance de la première, Thabo Mbeki veut attirer les investissements grâce à une politique rigoureuse de maîtrise des dépenses publiques et tente de réduire le coût du travail. Le rapport 2004 sur la liberté économique établi par le Fraser Institute canadien place l’Afrique du Sud au 44e rang sur 123, juste derrière le Japon et devant la Thaïlande, la France et Israël.
Pour améliorer la compétitivité, Mbeki transforme – sans privatiser – les compagnies semi-publiques, comme la société de transports Transnet. Il a promis au pays un nouveau port d’ici à septembre 2005 et l’augmentation de la capacité ferroviaire de 30 % d’ici à 2009. Il entend également favoriser l’installation d’un concurrent de la compagnie téléphonique nationale.
Pour la deuxième économie, le chef de l’État a choisi le chemin du « new deal », en lançant un programme de grands travaux destiné à transférer les compétences et fournir du travail à plus d’un million de personnes sur les cinq prochaines années. Son gouvernement s’efforce également d’améliorer le système éducatif et de rendre plus efficace le microcrédit pour aider les petites entreprises. Il s’est engagé à ce que tous les ménages aient l’eau potable dans les cinq prochaines années et l’électricité dans les huit ans à venir.
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