Association citoyenne

Publié le 25 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Monter une association à Sciences-Po pour parler du Nepad (Nouveau Partenariat pour le développement de l’Afrique) et plaider la cause du continent ? Ce pari osé, Romuald Dzomo Nkongo, un étudiant camerounais de l’Institut, était venu nous le présenter en janvier 2003 en conférence de rédaction, à J.A.I. Aujourd’hui, son association, Avenir Nepad, qui souffle sa deuxième bougie, compte 85 membres en France, des antennes en Belgique et en Espagne, et dans douze pays africains. Et bénéficie même d’un début de reconnaissance institutionnelle, qui sera formalisé en janvier au cours d’une rencontre à Johannesburg avec le secrétariat général du Nepad. Après avoir organisé, notamment, un débat, à Sciences-Po, avec le président sénégalais Abdoulaye Wade en avril 2003, Romuald Dzomo et ses amis ont animé deux « journées du développement », les 20 et 21 avril 2004, toujours à l’Institut. Journées dont le compte rendu a été présenté officiellement le 19 octobre, à Paris, en présence des ambassadeurs du Nigeria, d’Afrique du Sud et du Japon. Le ministère français des Affaires étrangères, qui a soutenu l’initiative des étudiants dès le départ, avait prêté les locaux et a ensuite offert le buffet.
L’association oeuvre à la sensibilisation des décideurs du monde des affaires, de la diaspora et des populations du continent à la thématique du Nepad, « qui ne doit pas rester l’apanage des seuls chefs d’État ». Le thème de l’appropriation citoyenne du projet est en effet au coeur de la réflexion de l’association. « La société civile africaine ne peut plus continuer à être l’âne qui suit la carotte « subvention » au gré des objectifs des ONG ou des bailleurs de fonds », explique Romuald Dzomo.
Les Africains doivent donner leur avis sur les sujets concernant le continent. Mais le Nepad, dont on vante les mérites de façon incantatoire à longueur de réunions internationales, constitue-t-il le cadre le plus adapté à pareille démarche ? Les promoteurs d’Avenir Nepad veulent y croire, mais on sentait poindre, chez certains des intervenants, un scepticisme teinté de déception. Pour les uns, le processus, victime de son succès diplomatique, s’est bureaucratisé, se déconnectant des attentes du secteur privé, qui en a, de fait, été exclu. Pour d’autres, c’est la philosophie globale du projet qui est bancale, car elle balance entre une vision libérale formatée pour répondre aux attentes extérieures et une vision volontariste, keynésienne (les grands travaux d’infrastructure chers au président Wade), difficile à mettre en oeuvre sans financements massifs. Autant d’interrogations, à la fois angoissantes et stimulantes, à des années-lumière de la langue de bois, qui ont au moins le mérite d’être posées par cette association utile…

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