Afrique subsaharienne : « Tout le monde va à Babylone… »

Publié le 25 octobre 2004 Lecture : 2 minutes.

Expulsé de Libye au cours du week-end du 16-17 octobre en compagnie de quatre cents ressortissants burkinabè, l’Ivoirien Adama Sangaré, 32 ans, rumine sa colère à Abidjan. Il ne songe qu’à repartir : « Il n’y a aucun avenir ici. Avec ou sans visa, je finirai par gagner la France. »
Le Sénégalais Alioune Diop, 28 ans, a pour sa part été arrêté à Paris, puis rapatrié à Dakar en mars 2003. Depuis, à Grand Yoff (au nord de la capitale sénégalaise), il visite sans relâche marabouts et parents afin d’obtenir une aide : lui aussi veut absolument revenir en France. Deux exemples révélateurs de la persistance, sinon de l’aggravation, du phénomène migratoire en Afrique. « Tout le monde va à Babylone [Europe] pour se chercher, apprendre un métier et pouvoir se prendre en charge », chante Alpha Blondy, la star du reggae ivoirien.
Grandes bénéficiaires des apports financiers des immigrés, les capitales africaines apprécient très modérément l’initiative du G5. « On aura beau multiplier les barrières autour de l’Europe, cela n’arrêtera personne », prophétise Moumoni Fabré, le ministre burkinabè de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Même s’il admet que le phénomène est largement lié à la paupérisation des pays subsahariens, le ministre renvoie la balle dans le camp de l’Occident : « La communauté internationale doit comprendre que l’Afrique ne parviendra pas à surmonter toute seule ses difficultés. Tant qu’on estimera que le développement du continent est secondaire, l’immigration ne connaîtra pas de répit. »
Les conflits de toute nature qui sévissent sur le continent n’arrangent évidemment pas les choses. « Avec la crise militaro-politique qui dure depuis deux ans dans notre pays, les entreprises ferment et le chômage atteint des records. Il n’y a presque plus de possibilités d’embauche sur place, les jeunes sont privés d’avenir, alors ils tentent l’aventure ailleurs, par tous les moyens », explique le colonel Issa Diakité, le ministre ivoirien de l’Administration territoriale et de la Décentralisation. Le phénomène de l’immigration résulte, selon lui, de « l’échec des politiques économiques menées dans nos pays ». Quid, dans ces conditions, de la décision du G5 ? Diakité se montre très sceptique quant à l’efficacité d’un tel système. Toutes les tentatives pour juguler l’immigration ont jusqu’à présent échoué. En témoigne le bilan mitigé de la politique française des « primes au retour » destinées à convaincre les Africains de rentrer chez eux.

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