Saleh plébiscité

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Réélu le 20 septembre à la tête du Yémen, Ali Abdallah Saleh (64 ans) avait martelé pendant la campagne électorale une incontestable vérité : « Notre pays est certes le moins bien loti dans la péninsule Arabique [son revenu par habitant – 800 dollars – est dérisoire comparé à celui des pétromonarchies voisines], mais c’est le seul où la magistrature suprême soit l’enjeu d’une élection. » Au pouvoir depuis vingt-huit ans, Saleh a, pour la première fois, été opposé à quatre rivaux. Le plus sérieux a été l’ancien député et ancien ministre Fayçal Ben Chamlane, soutenu par le Forum commun, une coalition de cinq formations parmi lesquelles le Parti socialiste yéménite, Al-Islah (islamiste) et le Parti unioniste nassérien.
Mais la machine électorale bien rodée du Congrès national, le parti au pouvoir, a aisément fait la différence. Selon les chiffres rendus publics le 21 septembre par Abdou al-Janadi, le porte-parole de la Haute-Commission électorale (SCER), le chef de l’État sortant a recueilli 80 % des suffrages exprimés par les 8,25 millions d’électeurs. Ses détracteurs dénoncent des « trucages massifs » que ne confirment ni la SCER ni les quelque trois cents observateurs internationaux dépêchés sur place. Ces derniers n’évoquent que quelques « irrégularités » qui n’entachent pas la crédibilité du scrutin.
La majorité de ses 20 millions de compatriotes n’ont pas oublié que Saleh fut, en 1990, le principal artisan de la réunification du pays (il était auparavant le président du Yémen du Nord). Ni qu’il parvint, quatre ans plus tard, à mater une rébellion sécessionniste, au Sud. Les puissantes chefferies tribales voient en lui le garant de la stabilité d’un pays menacé, comme beaucoup d’autres, par le terrorisme intégriste. Le 15 septembre, les autorités ont déjoué in extremis un double attentat suicide à la voiture piégée contre des installations pétrolières dans lequel quatre kamikazes et un agent de sécurité ont trouvé la mort. Le lendemain, quatre autres terroristes ont été arrêtés alors qu’ils planifiaient des attaques à Sanaa, la capitale.
Mais d’autres Yéménites ne pardonnent pas à Saleh de ne pas avoir tenu sa promesse de ne pas solliciter un nouveau mandat cette année.

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