Prix littéraires : c’est parti !

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 3 minutes.

Comme chaque année, le monde des lettres françaises entre en ébullition en septembre à l’approche des grands prix littéraires (voir le tableau). Beaucoup de gens, et depuis longtemps, ont dénoncé le mécanisme d’attribution de ces prix. Le fait que les jurés soient eux aussi des écrivains jette une suspicion sur leur indépendance à l’égard des éditeurs. On se souvient du terme Galligrasseuil inventé pour fustiger la mainmise de trois maisons (Gallimard, Grasset et Le Seuil) sur ces grands prix – on parle d’ailleurs désormais plutôt de Galligralbin, Albin Michel ayant supplanté Le Seuil dans ce trio de choc.
Contestable à maints égards, le phénomène des prix n’en continue pas moins à animer la vie du livre. L’enjeu économique est en effet de taille. Un Goncourt, le plus prestigieux de tous, garantit souvent des centaines de milliers d’exemplaires de ventes. Le Soleil des Scorta (Actes Sud) de Laurent Gaudé, primé en 2004, s’est écoulé à plus de 300 000 exemplaires, alors que Trois jours chez ma mère de François Weyergans (Grasset), couronné en 2005, a dépassé les 200 000. L’Amant (Minuit) de Marguerite Duras, Goncourt 1984, avait même atteint 1 million d’exemplaires
En 2005, la saison avait été marquée par l’échec retentissant au Goncourt de La Possibilité d’une île (Fayard), du sulfureux Michel Houellebecq. Pas de livre choc, cette année, mais quelques titres se détachent déjà du lot. C’est le cas de L’Amant en culottes courtes (Le Seuil), récit autobiographique d’Alain Fleisher, retenu dans les premières listes du Goncourt, du Renaudot, du Médicis et du Fémina, et, surtout, des Bienveillantes (Gallimard), sélectionné lui aussi par ces quatre jurys. Dans ce premier roman de 900 pages, Jonathan Littell, jeune Américain qui écrit en français, se met dans la peau d’un SS pour raconter les horreurs de la Seconde Guerre mondiale. « Époustouflant », « sidérant » : les critiques ne trouvent pas assez de qualificatifs pour saluer.
Parmi les autres auteurs en vedette, Alain Mabanckou. Après avoir manqué de peu le Renaudot l’an dernier pour Verre Cassé (Le Seuil), l’écrivain congolais est de nouveau en lice pour le même prix avec Mémoires de porc-épic (Le Seuil) tout en ayant été retenu dans la première sélection du Médicis. Le Sud-Sahara est aussi représenté, si l’on peut dire, sur la première liste du Goncourt par Contours du jour qui vient (Plon) de la Camerounaise Léonora Miano, révélée l’an dernier avec L’Intérieur de la nuit (Plon également).
Les recalés ne manqueront pas de lots de consolation. On a recensé pas moins de 1 900 prix et concours dans l’espace francophone. Certains d’entre eux viennent rivaliser avec les « grands » listés ci-dessous. C’est le cas par exemple du Flore, lancé en 1994 par le célèbre café de Saint-Germain-des-Prés, doté de 6 000 euros et d’un verre de Pouilly fumé offert tous les jours pendant un an. Créé en 1976, le Prix du livre Inter a acquis, lui, la notoriété en grande partie grâce à la composition de son jury : des auditeurs de France Inter représentant toutes les régions de France.
Tout cela sans parler des nombreux prix à vocation plus spécifique (poésie, histoire, science) ou moins franco-français tels que le Prix des cinq continents de la Francophonie, récemment attribué à Amanda Devi pour Eve de ses décombres (Gallimard), le Prix Tropiques de l’Agence française de développement, le Prix RFI Témoin du monde ou encore le Grand Prix littéraire de l’Afrique noire. De quoi récompenser (presque) tout le monde.

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