Gabon : le Haut-Ogoué se donne une verte mine
Manganèse à Moanda, uranium à Mounana, sucrerie à Ouellé, café à Kayié… L’économie de la province repose sur les produits de sa terre. Aujourd’hui, ils gagnent en valeur ajoutée et lui profitent plus.
L’économie du Haut-Ogooué doit beaucoup à ses abondantes ressources minières. Deuxième producteur de manganèse à haute teneur, la Comilog (Compagnie minière de l’Ogooué), filiale du groupe français Eramet, représente 15 % du marché mondial.
Générant plus de 3 000 emplois directs et indirects, elle est aussi le deuxième employeur du pays et un véritable pilier pour la ville de Moanda (42 000 habitants). Son poids est renforcé par la Société d’exploitation du Transgabonais (Setrag, sa filiale à 84 %), qui gère depuis 2005 les 670 km de voie ferrée reliant Franceville au port minéralier d’Owendo, en banlieue de Libreville. Mais ces activités ne vont pas sans quelques désagréments.
Défenseurs de l’environnement
« Plusieurs milliers de tonnes de fines de manganèse ont été déchargées dans la rivière Moulili sur plusieurs kilomètres, remplissant complètement son lit », constate un rapport de l’ONG gabonaise Brainforest, chargée par la Comilog de faire l’état des lieux des dégâts causés par cinquante-deux années d’exploitation d’une mine de manganèse à Moanda, l’une des principales villes minières de la province.
Avec le barrage de Grand-Poubara, les industriels peuvent faire tourner de nouvelles usines
Face à la pression des défenseurs de l’environnement, la filiale n’avait plus d’autre choix que de prendre ses responsabilités. En 2010, elle a donc lancé un programme de réhabilitation destiné à limiter l’impact de ses activités sur l’environnement.
Côté uranium, c’est un autre groupe français, la Compagnie des mines d’uranium de Franceville (Comuf, filiale du CEA puis d’Areva), qui, de 1960 à 1999, a exploité les mines souterraines et les gisements à ciel ouvert situés aux abords de la capitale provinciale, ainsi qu’à Boyindzi, Oklo (54 % de la production), Okélobondo et Mikouloungou.
La baisse des cours du minerai a contraint la Comuf à cesser son exploitation en juin 1999, après épuisement des derniers gisements rentables. Mais le groupe français n’a pas quitté la province pour longtemps. Fin 2006, le ministère gabonais des Mines a autorisé Areva à reprendre des activités de prospection, et quatre permis de recherche minière de 2 000 km2 chacun lui ont été octroyés. Encouragé par les premiers résultats, en 2008, le groupe a créé Areva Gabon, sa filiale à 100 %, dont le siège est à Franceville.
Haut de gamme
Dès le milieu des années 1970, l’État a voulu réduire la dépendance de la province aux industries extractives et diversifier ses activités. D’importants projets agro-industriels se sont développés, parmi lesquels celui de la Sucrerie africaine du Gabon (Sucaf Gabon), basée à Ouellé, non loin de Moanda et de Franceville. Filiale depuis 2010 du groupe français Somdiaa, Sucaf Gabon est une affaire qui tourne. La société, qui représente 500 emplois directs et 600 indirects, exploite 4 400 hectares de plantation, qui produisent environ 280 000 tonnes de canne à sucre et 26 500 t de sucre par an.
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Créées dans le même élan, d’autres unités agroalimentaires n’ont pas connu la même fortune, comme la Société gabonaise d’élevage (Sogadel) et la Société industrielle d’agriculture et d’élevage de Boumango (Siaeb). Fragilisées par une augmentation des coûts de production, elles ont été inscrites sur la liste des privatisations. Faute de repreneurs, le gouvernement s’est résolu à les mettre en liquidation, mais a mis en vente leurs actifs afin de maintenir les activités d’élevage dans le pays.
Aujourd’hui, l’État soutient la relance de la culture du café haut de gamme dans la province, où les sols sont réputés pour leur qualité. Il appuie par ailleurs la création de coopératives agricoles, qui encouragent l’esprit d’entreprise et contribuent à revivifier des villages saignés par l’exode rural. La coopérative agricole de Kayié, Kabaga-Bayi (Coopak), près de Bongoville, a ainsi permis de repeupler un village qui ne comptait plus que 4 foyers. Aujourd’hui, 100 familles s’y sont établies, soit plus de 650 hommes et femmes, qui cultivent le manioc, principale culture de ce projet. Plus de 1 000 ha de manioc ont déjà été plantés, ainsi que 2 ha d’ananas et 10 ha d’agrumes. Et la coopérative vient de « tester » le cacao et le café, respectivement sur des superficies de 2 ha et 4 ha.
Enfin, l’activité industrielle de la province devrait s’accélérer dans les mois à venir grâce à la mise en service du barrage de Grand-Poubara. D’ores et déjà, 4 turbines de la centrale (160 MW) sont opérationnelles et 2 lignes à haute tension ont été construites, notamment vers Moanda, où 2 nouvelles usines, l’une de manganèse métal et l’autre de silico-manganèse, entreront en activité très prochainement.
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