Les incorruptibles corrompus

Les « monsieur Propre » chargés de traquer le mal ont les mains sales, du Paraguay à l’Indonésie, en passant par le Vietnam…

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Selon le bimestriel américain Foreign Policy, de nombreuses institutions gouvernementales ou indépendantes censées lutter contre les pratiques délictueuses devraient commencer par balayer devant leur porte. Petite revue d’effectifs.
C’est son manque de discrétion qui aura trahi Daniel Fretes Ventre, contrôleur de la République au Paraguay. Lorsque la presse commence à enquêter sur ce puissant personnage, elle découvre que l’homme mène grand train et possède plusieurs résidences de luxe. En fait, Fretes, qui a pour mission de traquer les corrompus, utilise les enquêtes de moralité diligentées dans le cadre de ses fonctions pour faire chanter officiels et hommes d’affaires. Il amasse ainsi une immense fortune et acquiert un pouvoir considérable. Condamné en première instance en juin 2000, il échappe à la prison après avoir déposé un pourvoi devant la Cour suprême. Du coup, il est également soupçonné d’user de son influence pour corrompre la justice. De fait, jugé une seconde fois dans une autre affaire de malversation, il est le seul prévenu à bénéficier d’un acquittement.
Autre pays, mêmes murs. En tant qu’inspecteur général adjoint au sein d’une importante institution de l’État vietnamien, Tran Quoc Truong jouissait d’une réputation sans tache. Jusqu’au jour où le gouvernement découvrit que « monsieur Propre » versait dans le trafic d’influence. Les faits remontent à 2003. Pour avoir couvert une opération de détournements de 41,3 millions de dollars au sein de la société d’État PetroVietnam, Truong a été gratifié d’une enveloppe de 3 600 dollars, d’une bouteille d’alcool, ainsi que d’un lot de cadeaux. L’indélicat est suspendu de ses fonctions en juillet 2006. Mais, selon Foreign Policy, Truong se serait vendu à un prix dérisoire. Pour le même service, son adjoint aurait touché 11 500 dollars et un lot de terrains.
Le malheur des victimes du tsunami de décembre 2004 aurait pu faire le bonheur de Farid Faqih, ancien directeur d’un organisme chargé de contrôler la transparence des programmes du gouvernement indonésien. C’était compter sans la vigilance de la police. Au lendemain de la catastrophe, l’aide humanitaire afflue du monde entier. Mû par l’appât du gain, Faqih entreprend de détourner une partie des dons destinés aux victimes. Dans un vaste entrepôt situé à Banda Aceh, la police découvre des ordinateurs, des imprimantes, ainsi que des machines à laver. Arrêté en janvier 2005, Faqih est sévèrement « corrigé » et son visage tuméfié exposé aux caméras de télévision. En juin, il est condamné à un an de prison.
Au Kenya, c’est l’ancien directeur adjoint de la section kényane de Transparency International, Mwalimu Mati, qui a fini par mordre la poussière. « Dans l’esprit des Kényans, s’enorgueillissait cet adepte de la tolérance zéro devant les journalistes, le vol, la fraude et l’extorsion ne sont plus une fatalité. » Recruté comme consultant au sein de l’entreprise dirigée par sa fiancée pour la modique somme de 200 000 dollars, Mati est jugé coupable de népotisme. Et écarté de son poste en juin 2006.

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