Les Français jouent l’Afrique

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

En dévoilant, le 20 septembre, les résultats de la toute première enquête réalisée (du 6 au 23 juillet) par l’institut Ifop sur la perception que les Français ont de la politique de leur pays en matière d’aide au développement, Brigitte Girardin, la ministre déléguée à la Coopération, n’a pas caché son enthousiasme : 83 % des 1 017 sondés jugent cette action « importante ». Un véritable plébiscite. L’augmentation, depuis cinq ans, des financements destinés aux pays pauvres, comme les nombreuses piqûres de rappel appliquées par Jacques Chirac à la communauté internationale sur la question des relations Nord-Sud, n’y sont sans doute pas étrangères.
Bien sûr, plus de la moitié des personnes interrogées ne souhaitent pas que cette politique nuise à l’aide dont les Français les plus démunis ont le plus urgent besoin. Mais le repli identitaire ne semble plus d’actualité. Priorité affichée par le gouvernement depuis 2002, la contribution au développement, qui représente actuellement 0,47 % du PIB, devrait atteindre 0,5 % en 2007 et, sans doute, 0,7 % en 2012.
Ce sondage confirme par ailleurs l’existence chez les Français d’un certain « tropisme africain ». 78 % des personnes interrogées souhaitent en effet que le gouvernement oriente son action vers les pays subsahariens, dans deux domaines prioritaires : l’accès à l’eau potable et la santé. Mais davantage sous la forme de transferts de technologie que d’aides budgétaires : 33 % des sondés jugent ces dernières « opaques » et « inefficaces » ; 45 % affirment ne disposer d’aucune information sur les circuits empruntés et le suivi des programmes. Un chiffre qui invite à nuancer sérieusement les résultats d’une enquête qui souffre, par ailleurs, d’un manque de mise en perspective. Au sein des pays membres du Comité d’aide au développement de l’OCDE, la France n’arrive qu’en neuvième position (sur vingt-trois). Devant la Suisse ou l’Irlande, mais loin derrière la Norvège et la Suède (voir graphique).
On sait que plusieurs ONG comme Coordination Sud ou Oxfam critiquent l’ambiguïté consistant à transformer les annulations de dette en aide. Dans un rapport publié le 21 septembre, la Cnuced (Conférence des Nations unies pour le commerce et le développement) préconise donc la création d’un fonds mondial inspiré du plan Marshall, qui permettrait de « multilatéraliser » et, surtout, de « dépolitiser » l’aide au développement. La France est concernée au premier chef puisque son aide bilatérale représente encore la moitié du total.

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