Gabon : l’or noir enfin à bonne école

À Port-Gentil, les hydrocarbures abondent, mais pas les compétences locales. Une carence que devrait combler l’Institut du pétrole et du gaz, qui accueille sa première promotion d’étudiants en master.

L’établissement est financé par un partenariat public privé. © Joel Tatou/JA

L’établissement est financé par un partenariat public privé. © Joel Tatou/JA

Publié le 1 septembre 2014 Lecture : 3 minutes.

Au Gabon, si les ressources pétrolières ne manquent pas, trouver les compétences locales dans la filière est souvent un casse-tête. Quatrième producteur de pétrole au sud du Sahara, le pays ne disposait jusqu’à il y a trois ans d’aucun cursus de formation dans le domaine des hydrocarbures.

Une carence qui a poussé les autorités à se saisir de la question et à créer, en mars 2010, l’Institut du pétrole et du gaz (IPG) de Port-Gentil. Sa mission : délivrer aux Gabonais un enseignement supérieur technique de qualité dans tous les métiers de l’industrie pétrolière. Il s’adresse aux jeunes en formation initiale et aux salariés en formation continue.

la suite après cette publicité

Quatrième producteur de pétrole au sud du Sahara, le pays ne disposait jusqu’à il y a trois ans d’aucun cursus de formation dans le domaine des hydrocarbures.

Partenariat public-privé

Financée par Total Gabon, la construction de l’institut, engagée en juin 2012, s’est achevée en novembre 2013. Désormais, l’établissement fonctionne grâce à un partenariat public-privé entre l’État et les principales majors pétrolières actives dans le pays, dont Total, Addax Petroleum, ENI, Perenco et Shell.

Jusqu’à la livraison des bâtiments de l’institut, l’an dernier, l’offre de formation se limitait au certificat d’opérateur de production, ouvert aux bacheliers.

la suite après cette publicité

Selon le directeur général de l’IPG, Marc-Antoine Igondjo, un ancien de chez Total, le taux d’insertion est proche de 100 % : la soixantaine de techniciens issus de l’institut ont presque tous trouvé du travail au sein des majors de la place. L’établissement a par ailleurs assuré une quinzaine de sessions de formation continue par an, destinées aux salariés des sociétés pétrolières ou de l’administration des hydrocarbures.

Grèves à répétition

la suite après cette publicité

Avec les nouveaux locaux, janvier 2014 a vu arriver la première promotion du master en petroleum engineering (MPE, master en génie pétrolier), ouvert sur concours à une quinzaine d’étudiants de formation bac+5 ou titulaires d’un diplôme d’ingénieur. « Nous avons besoin de jeunes Gabonais qualifiés. Dans les métiers d’exécution, les trois quarts des salariés sont des nationaux, mais ils sont très peu nombreux dans les professions d’encadrement, qui nécessitent des formations pointues », explique Marc-Antoine Igondjo. 

Lire aussi : 

Entreprise africaine cherche cadres intermédiaires désespérément

Redressement fiscal : Total propose un arrangement au Gabon

Le Gabon à l’heure du pétrole

La faible présence de cadres locaux dans l’industrie pétrolière est un débat interminable au Gabon, les opérateurs étant régulièrement accusés d’employer une quantité abusive de main-d’oeuvre étrangère.

L’Organisation nationale des employés du pétrole (Onep), principal syndicat des salariés de la filière, en a fait son cheval de bataille, avec des grèves à répétition, qui, chaque année, paralysent l’activité pétrolière.

Jessica, 24 ans, la benjamine du master, est rentrée au Gabon après quatre années de fac de chimie en France. « Je voulais travailler dans mon pays. Cette formation, c’était la garantie d’une réelle possibilité d’embauche », explique-t-elle. Stylo à la main ou les yeux rivés sur leur ordinateur, ses camarades passent leur pause de midi en salle de classe, où l’ambiance est studieuse.

Les élèves-ingénieurs le savent, ils n’ont pas droit à l’erreur : pour chacun d’entre eux, la formation coûte environ 150 000 euros.

« Les cours sont chargés, mais on apprend tout, de la découverte du réservoir jusqu’à la production, s’enthousiasme un autre étudiant, Rodel Obili. Cela devient de plus en plus concret. On travaille sur des machines, on fait beaucoup de simulation… »

Pas de droit à l’erreur

Pendant un an et demi, la promotion alternera cours théoriques et cours pratiques. Les six derniers mois seront consacrés à un stage en entreprise.

Les élèves-ingénieurs le savent, ils n’ont pas droit à l’erreur : pour chacun d’entre eux, la formation coûte environ 150 000 euros, intégralement pris en charge par le partenariat public-privé. Les cours sont assurés par des spécialistes des grands organismes de formation du secteur, comme l’IFP Training, de l’Institut français du pétrole. À terme, l’État espère faire de l’IPG un « pôle d’excellence » dans la sous-région, ouvert aux Gabonais, mais aussi aux étudiants et cadres du golfe de Guinée.

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires