L’armée nigériane en deuil

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Dix généraux et deux officiers supérieurs de l’armée nigériane ont trouvé la mort, le 17 septembre, dans un accident d’avion survenu dans l’État de Benue, au centre-est du pays. D’après les premiers éléments de l’enquête, le Dornier 228-212 appartenant à l’armée qui les transportait volait à 10 000 pieds, mais, pour une cause encore inconnue, il a perdu de l’altitude jusqu’à heurter la colline de Ngokugh, non loin du village de Mbakunu. C’est l’un des six survivants, le lieutenant-colonel Ajunwa, qui a pu prévenir les autorités militaires grâce à son téléphone portable. Mais il a fallu plusieurs heures pour organiser les secours et parvenir à les évacuer, le relief rendant les lieux difficiles d’accès.
« C’est une perte immense pour la nation tout entière », a déclaré le président Olusegun Obasanjo, revenu en toute hâte de Singapour où il assistait à une réunion du Fonds monétaire international. Et le chef de l’État de décréter trois jours de deuil national, tandis que la Chambre des représentants décidait d’interrompre sa session, et le Sénat, selon sa tradition, d’observer une minute de silence. Les victimes ont reçu des funérailles nationales, le 21 septembre, et reposent désormais au cimetière militaire national à Abuja.
Les généraux revenaient d’une réunion de brain-storming sur l’avenir de l’armée au Nigeria. Car, si le pouvoir est désormais aux mains des civils, la grande muette continue à avoir des fonctions importantes. Elle assure, avec la police, les tâches de sécurité intérieure, comme actuellement dans toute la zone du delta du fleuve Niger où sévissent des groupes de pseudo-rebelles qui pillent les ressources pétrolières, pratiquent le rapt et l’extorsion de fonds. Un phénomène récurrent qui prend une telle ampleur aujourd’hui qu’il est justement question de réorganiser ces forces sur le terrain afin de faire cesser des exactions qui ont déjà coûté au pays près d’un quart de sa production annuelle de pétrole.
L’armée intervient également lorsque surgissent des problèmes interethniques ou interreligieux, une maladie endémique dans le pays. Enfin, elle constitue le gros des troupes et, surtout, de l’encadrement des missions militaires de la Cedeao et de l’Union africaine. Certains des disparus, comme le brigadier-général Salihu Musa Lemu, de l’État de Niger, jouaient un grand rôle au niveau local, intervenant dans les questions de développement et préparant, auprès du gouvernement régional, la tenue des élections générales de 2007.
Le crash pose également le problème de la vétusté et de l’entretien des avions, civils ou militaires. Le 19 septembre s’est ouverte à Abuja la première Conférence interafricaine sur l’aviation, présidée par l’ancien président zambien Kenneth Kaunda. Obasanjo a demandé à tous les participants de réfléchir à des solutions susceptibles de rendre le ciel africain plus sûr. Soucieux de faire cesser la série noire de crashs dans son pays, qui ont causé en 2005 la mort de 223 personnes, il a ordonné un audit de tous les équipements aériens.

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