En attendant de pouvoir exporter

Après les atermoiements consécutifs à la cession de la Sonel, le nouvel opérateur lance un vaste plan d’investissements.

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

La loi de 1998 a libéralisé le secteur de l’électricité. Elle permet à toute personne physique ou morale d’assurer la production, le transport et la distribution de l’énergie électrique. Trois ans plus tard, la société nationale Sonel a été privatisée, cédant 56 % de son capital à l’américain AES Sirocco. Les nouveaux dirigeants, peu au fait des réalités camerounaises, ont très vite accumulé les gaffes sans améliorer une situation critique, tant pour les particuliers que pour les besoins des entreprises (augmentation des tarifs de 30 %, délestages systématiques, etc.). La direction américaine a dû être remplacée par une équipe locale en 2004. Les principaux actionnaires étrangers sont désormais des fonds de pension.
Grâce à la mise en service de la centrale au fuel lourd de Limbé (85 MW) et à des investissements d’urgence de 150 millions d’euros, la situation s’est nettement améliorée pour les 520 000 clients d’AES Sonel. La production approche les 4 milliards de kWh, pour un chiffre d’affaires de 200 millions d’euros en 2005. Toutefois, la situation reste tendue. Seuls les réseaux nord et sud sont interconnectés, et l’alimentation de nombreuses villes reste tributaire de groupes diesel vieillissants. En outre, la prédominance de l’hydroélectricité (92 % de la production), avec des réservoirs de taille insuffisante, rend le système vulnérable aux aléas de la pluviosité. Or la demande croît à un rythme accéléré de 6 % par an et devrait être encore dopée par la politique de grands travaux du gouvernement.
Pour y faire face, un double programme a donc été mis en uvre. Premièrement, AES Sonel va investir 350 millions d’euros sur cinq ans pour augmenter de 150 MW la capacité de production installée, renforcer les réseaux de transport et de distribution, réduire les pertes techniques de 31 % en 2004 à 17 % en 2009, en s’appuyant sur des financements de la SFI, de la BAD (60 millions d’euros), de la BDEAC et de la BEI.
Deuxièmement, plusieurs équipements de production sont en cours de réalisation ou en projet avancé : la centrale de Kribi (d’une puissance de 200 à 300 MW), qui utilisera le gaz naturel produit localement par le groupe pétrolier Perenco ; l’usine hydroélectrique de Nachtigal sur la Sanaga qui permettra de tripler la production d’aluminium de l’usine d’Alucam d’Édéa ; la retenue de 7,5 milliards de m3 de Lom-Pangar, deux affluents de la Sanaga, qui permettra d’accroître la production de l’usine de Nachtigal, soit un investissement de 150 millions d’euros, dont 60 millions seront fournis par l’AFD.
À plus long terme, AES Sonel travaille sur le projet de centrale de Memve’ele, pour un coût de 350 millions d’euros, un dénivelé de 35 mètres et une puissance de 200 MW. Ce qui permettrait de produire 1,14 milliard de kWh/an sur le Ntem, fleuve frontière avec la Guinée équatoriale. Sa construction devrait être confiée en « BOT » (Build, Operate & Transfer) à l’un des quatre candidats présélectionnés (dont le français Bouygues, un britannique et un chinois).
La réalisation de tous ces équipements pourrait permettre au Cameroun de devenir un exportateur d’électricité. Un projet d’interconnexion avec les autres pays de la Cemac s’élevant à 3 milliards d’euros a été validé par la BAD. Mais un Camerounais sur deux vit encore sans électricité (88 % des citadins sont desservis, mais seulement 23 % des ruraux, car, sur 11 000 villages, seuls 1 000 sont raccordés). Le tarif appliqué aux ménages est de 50 F CFA (tarif social) ou 62 F CFA (tarif ordinaire) au kWh.

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