Des renforts pour Kabila

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

La voie semble se dégager pour Joseph Kabila. Arrivé en tête du premier tour de l’élection présidentielle du 30 juillet avec 44,8 % des suffrages, le chef de l’État congolais a enregistré, les 18 et 21 septembre, deux ralliements de poids : celui de François-Joseph Nzanga Mobutu (le fils de l’ancien dictateur) et, surtout, celui du lumumbiste Antoine Gizenga.
« Il s’agit d’un choix de raison plus que de conviction, mais notre priorité est de préserver l’unité nationale », précise Sylvain Ngabu, le secrétaire permanent du Parti lumumbiste unifié (Palu). De fait, alors que l’est du pays a massivement voté Kabila, les 20 % obtenus par le vice-président Jean-Pierre Bemba l’ont été, pour l’essentiel, dans l’Ouest. Avec 13 % des voix au niveau national, un score fleuve dans la province occidentale du Bandundu et 34 élus à l’Assemblée nationale (sur les 500 députés officiellement mis en place le 22 septembre), Gizenga s’impose comme l’arbitre du second tour, prévu le 29 octobre. Vice-Premier ministre de Patrice Lumumba en 1960 avant d’être contraint à l’exil, il fait donc, à 81 ans, un spectaculaire retour sur la scène politique congolaise.
Après avoir renvoyé dos à dos les rescapés du premier tour, puis ménagé le suspense, le patriarche a donc finalement, à l’issue de longues tractations, choisi. « Nous avons obtenu la promesse qu’il sera le prochain chef du gouvernement, en cas de victoire de Kabila », assure Ngabu. « L’accord doit encore être finalisé, mais nous partagerons le pouvoir en fonction des résultats obtenus par chacun », déclare pour sa part André-Philippe Futa, le coordinateur de l’Alliance pour la majorité présidentielle (AMP), qui n’a jamais caché son intérêt pour le poste de Premier ministre. Quoi qu’il en soit, le camp présidentiel n’est pas loin de crier victoire par anticipation. « Avec les troisième et quatrième forces politiques du pays à nos côtés, nous pouvons être optimistes », estime Futa.
Derrière Gizenga, François-Joseph Nzanga Mobutu réalise également une percée remarquée : 4,7 % des voix à la présidentielle, 9 sièges à l’Assemblée nationale. De quoi faire monter les enchères. En dépit de leurs liens familiaux (ils sont beaux-frères), « l’héritier » et Jean-Pierre Bemba n’ont pas réussi à trouver un terrain d’entente. Un indiscutable succès pour Kabila, la famille Mobutu étant originaire de la province de l’Équateur (nord-ouest), le fief électoral du vice-président. « En rejoignant la coalition présidentielle [200 sièges], nous constituons une majorité parlementaire capable d’élaborer un projet de gouvernement. Les questions familiales n’ont pas lieu d’être », explique Alain Lubamba, le secrétaire exécutif de l’Union des démocrates congolais (Udemo).
Si aucune consigne de vote n’a encore été officiellement lancée, les appareils des principaux partis ont donc tranché. Pour l’emporter, Bemba ne peut plus guère compter que sur le libre arbitre des 25 millions d’électeurs congolais.

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