Convertir la dette en bien-être

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Ajustement structurel, initiative PPTE, réduction de dette, point d’achèvement, privatisations Les Camerounais, comme bien d’autres citoyens d’Afrique, sont devenus experts en macroéconomie. Désormais familiers de ces concepts obscurs, ils ont suivi, tel un feuilleton à suspense, les tractations, parfois laborieuses, de leurs gouvernants avec les représentants du FMI. Ils ont attendu avec inquiétude le verdict de Bretton Woods. Pour finalement applaudir à l’effacement de leur dette publique, comme s’il s’agissait d’une victoire des Lions indomptables Reste à savoir ce qu’ils sont en droit d’attendre de ce succès. Certes, des milliards de francs CFA vont être injectés dans l’économie camerounaise, réinvestis dans le développement du pays. Mais concrètement, quels en seront les bénéfices ?

Dans le secteur de la santé, l’accent sera mis sur les vaccinations, la lutte contre le paludisme et contre le sida. La malaria demeure la première cause de mortalité et la distribution de moustiquaires imprégnées aux femmes enceintes figure parmi les priorités. Concernant la lutte contre le VIH, 37 millions d’euros ont été dépensés en 2005 (contre 30 millions en 2003) pour financer les programmes d’information à l’égard de groupes ciblés et les distributions de préservatifs. Avec une dépense annuelle moyenne de santé par habitant de 60 euros en ville et de 20 euros dans les villages, des taux d’amélioration spectaculaires sont envisageables. Mais il faudra de longues années pour atteindre un niveau satisfaisant et, notamment, former les personnels compétents. Selon l’Organisation mondiale de la santé, 3 124 médecins pratiquent au Cameroun tandis que 4 500 sont répertoriés par l’Ordre national, ce qui donne une idée de l’ampleur de la fuite des cerveaux.

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Dans l’enseignement primaire, 55 000 maîtres encadrent 3 millions d’élèves. Sachant qu’un maître coûte entre 1 500 et 2 000 euros par an, la titularisation de 10 000 maîtres disponibles sur le marché coûterait moins de 20 millions d’euros par an, un chiffre certainement tolérable pour le budget, auquel il faudrait ajouter le coût de construction ou de rénovation des classes correspondantes. Une telle orientation, déjà engagée puisque 1 700 vacataires ont été titularisés en 2005 et plus de 5 000 salles de classe construites en cinq ans, pourrait en quelques années avoir des résultats tangibles et un impact politique très positif.
Mais une question demeure. Le pays sera-t-il en mesure d’absorber ces crédits ? L’administration, la société civile, les ONG et les partenaires au développement seront-ils suffisamment efficaces pour valoriser cette manne providentielle ? Convertir la dette en bien-être, c’est tout l’enjeu de l’initiative PPTE. Et sur ce plan, les autorités n’ont pas droit à l’erreur. Car la population comprendrait mal qu’après les sacrifices imposés depuis dix ans, elle n’en perçoive pas enfin le bénéfice au quotidien.

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