Chers alliés

Des congressmen américains dénoncent les subventions accordées à certains pays en échange de l’envoi de leurs troupes en Irak.

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Pourquoi la Géorgie, la Bulgarie et la Slovaquie ont-elles envoyé 300, 150 et 104 soldats se battre en Irak aux côtés des États-Unis ? Pourtant, aucun de ces trois pays ne subit de menace terroriste sur son territoire, n’a de frontière commune avec l’Irak ou l’Afghanistan ni d’intérêts économiques à protéger sur place. Pourquoi ? Parce que ces nouvelles républiques sont en quête de reconnaissance sur la scène internationale. Même limitée, leur participation à la coalition est un premier pas dans la cour des grands. L’intérêt des États-Unis, lui, est évident : rallier à lui les confettis de l’ancien bloc soviétique, qui représentent un intérêt géostratégique non négligeable (accès à la mer Baltique, ouverture vers la Russie et vers les autres producteurs de matières premières d’Europe centrale). Dans le même mouvement, même leur calcul est plus ciblé, trois autres pays sans intérêt sur place ont envoyé des hommes en Irak. L’Albanie et l’Azerbaïdjan sont candidats à l’Otan. Ils ont besoin de montrer à Washington leur bonne volonté.
Mais pour certains alliés des États-Unis, l’intérêt est plus immédiat : ils bénéficient de subsides du Coalition Solidarity Fund, une caisse de 200 millions de dollars votée par le Congrès en mai 2005 à destination des nations qui participent à l’effort de guerre. Pour l’envoi d’un bataillon d’infanterie de 38 hommes en Irak et de 80 en Afghanistan, l’Estonie a reçu 2,5 millions de dollars. Pour son support technique (notamment la mise à disposition d’ingénieurs et de techniciens qualifiés dans la zone sud de l’Irak), la Slovaquie s’est vu attribuer 13 millions de dollars. La Mongolie a mandaté 131 soldats pour le maintien de la paix dans la zone centre-sud du pays : elle sera récompensée par un prochain accord de libre-échange avec les États-Unis.
Aux États-Unis, ces subventions commencent à faire débat. Même si le Congrès américain continue de soutenir Bush et de voter des budgets supplémentaires pour les armées engagées sur le terrain irakien, un certain nombre de sénateurs démocrates et quelques républicains reprochent au président de gaspiller les fonds publics au détriment d’autres secteurs comme la protection sociale ou l’éducation. Ils vont jusqu’à remettre en question l’existence de cette coalition miliaire. Il est vrai que le coût de la participation des pays des Balkans semble élevé au regard de son efficacité. Selon une étude de Joseph E. Stiglitz, Prix Nobel d’économie, et de Linda Bilmes, universitaire à Harvard, la facture de la guerre d’Irak pourrait grimper jusqu’à 2 000 milliards de dollars si les troupes américaines y restent jusqu’en 2010

La Matinale.

Chaque matin, recevez les 10 informations clés de l’actualité africaine.

Image

Contenus partenaires