Cameroun : l’opposant Maurice Kamto accusé d’« incitation à l’insurrection »
Le leader du Mouvement pour la renaissance du Cameroun (MRC) a été entendu pour la première fois en présence de ses avocats, mercredi. Maurice Kamto est notamment accusé d’« incitation à l’insurrection » et d’« hostilité contre la patrie ». En cause, notamment, le saccage de l’ambassade du Cameroun à Paris, dans lequel l’opposant nie toute implication.
Les charges retenues contre Maurice Kamto sont désormais connues. Elles lui ont été notifiées au cours d’une audition qui a duré près d’une heure trente minutes, mercredi 30 janvier, dans les locaux du groupement spécial d’opération (GSO) de Yaoundé. La séance de question-réponse avec les enquêteurs s’est déroulée en présence des avocats du prévenu, sous la supervision de Jacques Dili, le directeur de la police judiciaire.
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Huit infractions ont été retenues contre Maurice Kamto et les autres personnes interpellées dans le cadre des « marches blanches » du MRC. Attroupement, insurrection, rébellion en groupe, hostilité contre la patrie, trouble à l’ordre public, incitation à l’insurrection, association de malfaiteurs et complicité, sont les griefs qui ont été énumérés par les officiers de la police judiciaire.
Le saccage de l’ambassade du Cameroun à Paris
Les enquêteurs sont ensuite revenus sur les événements qui se sont produits le 26 janvier à l’ambassade du Cameroun à Paris, cherchant à établir la responsabilité de Maurice Kamto dans les actes de vandalisme commis ce jour-là.
Il n’a jamais envoyé qui que ce soit casser une représentation diplomatique
« Maurice Kamto a dénoncé le vandalisme des ambassades du Cameroun à l’étranger, il n’a jamais envoyé qui que ce soit casser une représentation diplomatique. Il ne connait pas les auteurs de ces saccages. En revanche, il assume les marches pacifiques et maintient qu’il n’a enfreint aucune loi », a ainsi affirmé Me Sylvain Souop, le président du collège d’avocats constitués pour sa défense.
Au total, 217 personnes ont été arrêtées dans le cadre des marches de protestation du MRC. Ils ont été repartis sur quatre sites : le GSO, le commissariat central numéro 1, le GMI de Soa et le SED. Selon les avocats de ce parti, les personnes interpellées seraient détenues dans des conditions déplorables, et l’état de certains d’entre eux serait inquiétant.
« Des gens ont été enlevés sur des lits d’hôpitaux avec des blessures, pour être mis dans des cellules où ils n’ont plus accès aux soins. D’autres ont été déportés du lieu où l’infraction supposée a été commise pour être conduits à Yaoundé, où ils n’ont droit à aucune visite. Ce sont des violations flagrantes de la loi », a dénoncé Emmanuel Simh, le vice-président du MRC, au cours d’une conférence de presse, mercredi soir.
En fin de journée de mercredi, le procureur de la République avait prorogé la garde à vue des manifestants interpellés le samedi 26 janvier 2019. Les auditions, entamées lundi, se poursuivent encore ce mardi. Theodore Tchopa, l’un des deux journalistes interpellés alors qu’ils couvraient l’arrestation du leader du MRC, sera notamment entendue par les officiers de police judiciaire.
Selon la loi camerounaise, la garde à vue est limitée à 48 heures, mais peut être prolongée sur décision d’un préfet lorsqu’il s’agit de garde à vue administrative, ce qui serait le cas en l’espèce, selon certains officiels. Les avocats des personnes arrêtées ont indiqué n’avoir, pour l’heure, reçu aucune notification en ce sens.
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