A-t-on le droit de résister à Israël ?

Publié le 25 septembre 2006 Lecture : 2 minutes.

Le 19 septembre s’est ouvert le procès de trois combattants du Hezbollah accusés de meurtre, de possession d’armes et d’appartenance à une organisation terroriste (laquelle leur aurait dispensé une formation militaire). Le même jour, un tribunal militaire a prolongé la détention préventive de vingt et un ministres et députés du Hamas, accusés d’appartenir à une organisation terroriste. Toujours le même jour, la police a interrogé un touriste, qui, en visite à Damas, la « capitale du terrorisme », avait salué la victoire du Hezbollah.

La base idéologique de ces mesures juridiques est que les suspects sont définis comme des terroristes – autrement dit, des criminels – présumés. Et ceux qui les soutiennent, comme des traîtres. Israël s’arroge le droit de dire ce qu’est la violence légitime et prétend avoir le monopole de l’usage de la force. Les autres sont censés accepter ces définitions unilatérales, faute de quoi ils sont accusés de faire preuve d’hostilité, ou pis encore. Toute résistance à Israël, qu’elle soit violente ou politique, est un acte illégitime. La définition d’un « acte terroriste » ne se limite donc pas au massacre d’innocents, mais inclut tout recours à une force illégitime. Elle englobe l’« incitation » et la « complicité avec l’ennemi ». Sur cette base, on pourrait presque dire que qui n’est pas sioniste est forcément terroriste !
Pour justifier une politique de violence et d’intimidation et écarter d’autres définitions potentiellement gênantes, on n’hésite pas à porter les accusations les plus absurdes. Il est évident que les parlementaires du Hamas n’ont été arrêtés et jetés en prison que pour servir d’otages et obtenir la libération de Gilad Shalit, le militaire israélien enlevé, et que l’accusation d’appartenance à une organisation terroriste n’est qu’un prétexte, comme l’a établi un tribunal, qui a ordonné de les relâcher.

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La poursuite du procès est-elle un moyen de pression ? Et contre qui ? Son objectif est-il d’empêcher le gouvernement de libérer des prisonniers palestiniens, ou, peut-être, de bloquer le processus diplomatique qui pourrait s’engager après la formation d’un gouvernement palestinien d’union nationale ?
Si l’échange de prisonniers a effectivement lieu, et si les responsables du Hamas sont relâchés, les belles âmes ne manqueront pas de pousser les hauts cris : comment peut-on ainsi bafouer ainsi le règne du droit ? Mais ils n’avaient pas ces scrupules quand le droit était exploité sans foi ni loi.
Le procès des combattants du Hezbollah atteint des sommets d’absurdité et fait la honte d’un système juridique aux ordres de militaires qui ne songent qu’à humilier un ennemi emprisonné. Selon les représentants du gouvernement, « ce ne sont pas des prisonniers de guerre, puisque le Hezbollah ne respecte pas les lois de la guerre ». Mais Israël respecte-t-il scrupuleusement les lois de la guerre ? Ceux qui refusent à leurs ennemis le statut de prisonniers de guerre s’exposent à ce que leurs propres prisonniers subissent le même traitement.

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