Virginité et contrefaçon

Publié le 25 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Dans nos sociétés méditerranéennes, la virginité féminine n’est considérée valide que par un critère anatomique : la présence de l’hymen, ce qui a abouti à tant de dérives.
Tout autant que l’homme, la femme est libre de disposer de son corps comme elle le désire. Elle a pourtant un privilège qui s’ajoute à ceux que procure le chromosome X (plus important, rappelons-le, que le chromosome Y quant au nombre de gènes). Oui, elle a la possibilité d’arriver au mariage avec un atout important quand elle se réserve à celui qui sera le compagnon de sa vie, qui ne pourra, pour sa part, offrir aucune preuve concrète de sa chasteté. Tenu de compenser un tel handicap, il se fera le serment de la fidélité absolue à sa compagne.
Voilà, je crois, le vrai message de la virginité. Message trahi par celle qui se fera « bricoler » pour masquer une réalité.
J’ai parlé de dérives : la plus monstrueuse est celle des hyménoplasties. Ce sont, en effet, d’authentiques contrefaçons, car l’hymen, comme nous l’enseigne l’anatomie, est la seule partie du corps qui ne cicatrise jamais après suture. La jeune femme anxieuse à qui on prétend refaire une virginité n’a eu en fait qu’une banale plastie à partir de muqueuse vaginale. Le produit livré n’est pas celui pour lequel le praticien a été payé, raison suffisante pour justifier une plainte pour usage de faux.
Bien plus, on pousse cette jeune femme arnaquée, à tromper à son tour la candeur de son vis-à-vis, dans un prétendu mariage immaculé, véritable forfaiture qui n’aide aucunement à la bonne émancipation des mentalités.
Aidons à faire évoluer les moeurs en remplaçant la fiction par la réalité qui dit que l’hymen n’est qu’une membrane fibreuse non fiable : il peut être congénitalement absent et demeure fragile, pouvant se rompre après un simple exercice de gymnastique. Et il est parfois complaisant, permettant un introitus sans se rompre.
Sa présence ou son absence n’a rien à voir avec la vertu. Celle-ci réside dans la loyauté totale au sein du couple qui se forme, bien informé d’une éventuelle expérience sexuelle antérieure.
Continuer à faire de fausses vierges ne fait que pérenniser ces exhibitions obscènes de draps ensanglantés pendant les nuits de noces.
Continuer à faire de fausses vierges, c’est pousser ces dernières à bâtir un avenir à deux sur le mensonge.
Il est, certes, des cas exceptionnels où une hyménoplastie s’impose pour éviter un drame familial. Elle s’impose alors par charité. Et qui dit charité, dit acte gracieux.

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