Pressée par l’UE, l’Algérie lève le gel des importations et instaure des surtaxes
Le gouvernement algérien a fait marche arrière fin janvier en soumettant les marchandises suspendues à l’importation en 2018 à une surtaxe, pour « encourager la production locale », mais aussi pour respecter des engagements internationaux, notamment avec l’UE.
![Le port de Bejaia, où arrive une grande partie des importations algériennes. © Sidali Djenidi pour JA](https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/cdn-cgi/image/q=auto,f=auto,metadata=none,width=1215,fit=cover/https://prod.cdn-medias.jeuneafrique.com/medias/2019/02/01/rea_271591_003-e1549022086854.jpg)
Le port de Bejaia, où arrive une grande partie des importations algériennes. © Sidali Djenidi pour JA
La nouvelle taxe, appelée « droit additionnel provisoire de sauvegarde » (DAPS), sera appliqué en plus des droits de douane à près de 1 000 produits désormais libres d’importation. Le taux varie, selon les catégories de produits, de 30 % (fruits secs) jusqu’à 200 % (ciments).
D’autres produits, précédemment suspendus à l’importation, ne sont pas concernés par la surtaxe. C’est notamment le cas des véhicules importés par des personnes physiques sur leurs devises propres.
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Impact marginal
Confronté à la baisse des réserves de change depuis le contre-choc pétrolier en 2014, le gouvernement algérien avait gelé début 2018 l’importation de près de 1 000 produits, avant d’assouplir, quelques mois plus tard, cette mesure, notamment au profit de l’industrie agroalimentaire.
Ce nouveau revirement et l’instauration du DAPS intervient pour « la sauvegarde de la balance de paiement, l’encouragement de la production nationale et le développement des industries naissante », a justifié le ministère du Commerce algérien.
Des observateurs voient cependant un impact marginal de cette mesure sur la balance des paiements. « Si on regarde les chiffres, ce sont les produits comme le blé et les carburants qui représentent le gros des importations. Mais ce sont des catégories impossibles à toucher car essentielles au fonctionnement de l’économie », a expliqué l’expert économique Mourad Goumiri.
Paix sociale
La pression des partenaires étrangers a par ailleurs joué un rôle. À plusieurs reprises, l‘UE a appelé le gouvernement algérien au respect des conventions commerciales entre les deux parties. En avril 2018, la commissaire européenne au Commerce, Cecilia Malmström, a reproché à Alger de ne pas respecter son accord d’association avec l’UE.
Côté ministère, Messaoud Bekkah, le directeur des échanges commerciaux, a déjà évoqué la question en octobre 2018. Le DAPS représente « une mesure devant accompagner les engagements internationaux en matière de commerce extérieur », avait-il déclaré à la radio algérienne.
Pour Mourad Goumiri, l’UE est dans son rôle et défend ses intérêts. Il lie cependant la mesure gouvernemental au calendrier électoral : « C’est une façon de satisfaire les partenaires étrangers tout en assurant la paix sociale, au moins jusqu’à la présidentielle d’avril », a-t-il affirmé.
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