Touche pas à Aïcha !
Publié le 25 août 2008 Lecture : 2 minutes.
Une nouvelle affaire Salman Rushdie ? Un remake du scandale des caricatures danoises qui a enflammé le monde islamique au début de 2006 ? On peine à le croire, tant le livre sur Aïcha, la troisième épouse de Mohammed, qui pose une fois encore la question du droit de représentation de la vie du Prophète, ne semble présenter aucun caractère offensant pour ses fidèles.
Toujours est-il que Le Joyau de Médine, premier roman de l’Américaine Sherry Jones, a été retiré de la vente en Serbie, où la maison d’édition Beobuk en avait acheté les droits de diffusion en première mondiale, à la suite des protestations d’un mufti local du nom de Muamer Zukorlic.
Ce n’est pas tout. Craignant « des actes de violence de la part de certaines minorités radicales », l’éditeur américain Random House a annulé au dernier moment la parution aux États-Unis de The Jewel of Medina.
Certes, le personnage d’Aïcha peut prêter à controverse. Mariée dès sa petite enfance au Prophète, elle avait, dit la tradition, moins de 10 ans quand elle eut ses premières relations sexuelles avec lui. Vénérée par les sunnites, pour lesquels elle est « la Mère des croyants », elle est beaucoup moins appréciée chez les chiites. Après la mort de Mohammed, en effet, elle s’était opposée à la désignation d’Ali comme calife (dont se réclament les chiites), allant jusqu’à l’affronter, en 656, au cours de la célèbre « bataille du chameau ».
Curieusement, un éditeur français, Télémaque, a sorti en octobre 2007 un roman historique intitulé Aïcha, la bien-aimée du Prophète. Or cet ouvrage, qui inclut pourtant des scènes intimes pouvant passer pour délicates, n’a déclenché aucune contestation. Mieux, il a été préfacé par un théologien de la Grande Mosquée de Paris, tandis que l’auteure a été invitée à en débattre à l’Institut du monde arabe. Et tout s’est très bien passé dans la plus grande convivialité. La communauté musulmane de France serait-elle plus « éclairée » que celle des autres pays ? On est tenté de le penser.
