Série noire algérienne

Publié le 25 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Tizi-Ouzou le 5 août (21 blessés), Zemmouri le 8 août (8 morts), les Issers le 19 août (48 morts et 45 blessés), Bouira le 20 août (12 morts). Le mois qui s’achève a été particulièrement éprouvant pour les Algériens avec une vague d’attentats kamikazes sans précédent. Circonscrites à la seule Kabylie (centre du pays), ces attaques-suicides marquent un tournant dans la stratégie d’Al-Qaïda au Maghreb islamique (AQMI), dont le porte-parole, Salah Abou Mohamed, a revendiqué la paternité des attentats dans un enregistrement sonore diffusé le 21 août par la chaîne qatarie Al-Jazira. Plusieurs enseignements peuvent être tirés de cette série d’opérations terroristes.
Le choix des cibles n’est pas pour surprendre : un commissariat de police à Tizi-Ouzou, un complexe touristique à Zemmouri, pour punir les estivants ayant bravé l’interdiction des salafistes de fréquenter les plages, une école supérieure de la gendarmerie aux Issers et un hôtel où résident les employés algériens d’une entreprise canadienne (SNC Lavalin) à Bouira. En revanche, le mode opératoire de ces attaques est nouveau et s’inspire d’une technique ­irakienne : le kamikaze, ceinture d’explosifs autour de la taille, arrive à bord d’un véhicule piégé à proximité de sa cible. Il gare sa voiture ou son camion, en descend, s’en éloigne d’une dizaine de mètres, puis actionne la bombe placée dans le véhicule à l’aide d’un téléphone portable. Il se mêle alors à la foule et aux sauveteurs puis se fait exploser à son tour pour provoquer le maximum de victimes. Deux attentats en un.
Le timing n’est pas fortuit. L’offensive meurtrière d’AQMI intervient au lendemain d’un ratissage de l’armée durant lequel un imposant groupe terroriste a été assiégé. Ses quatorze membres, dont deux émirs, ont été littéralement pulvérisés par des bombardements aériens. Dernier enseignement, sans doute le plus inquiétant : la neutralisation des cellules qui avaient organisé les attaques-suicides contre le Palais du gouvernement à Alger (11 avril 2007), l’opération avortée contre le convoi présidentiel à Batna (6 septembre 2007) et le double attentat contre les sièges des Nations unies et du Conseil constitutionnel (11 décembre 2007) n’a pas privé AQMI de ses capacités de nuisance. Les difficultés rencontrées par la police scientifique pour identifier les kamikazes semblent indiquer qu’il s’agit d’éléments inconnus des services de lutte antiterroriste. Il pourrait donc s’agir de nouvelles recrues. Ce qui n’est pas pour rassurer l’opinion, d’autant que ces attaques interviennent à la veille du mois sacré de ramadan (début septembre), durant lequel les terroristes ont pour habitude de redoubler de férocité.

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