Qui dit que la jeune génération est en panne d’inspiration ?

De Casablanca au Cap et bien au-delà de ses frontières, le continent tout entier s’exprime dans une multitude de langues. Mêlant sons traditionnels et modernes, ses nouveaux talents ont déjà nombre d’inconditionnels.

Publié le 25 août 2008 Lecture : 4 minutes.

MAROC

H-Kayne – La darija façon hip-hop

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Ils sont cinq, comme les doigts d’une main. H-Kayne, c’est quatre flows venus de Meknès, soutenus par le talentueux DJ Key – compositeur, réalisateur et fondateur, à Casablanca, de l’une des premières écoles de DJing du continent. Ils ont décidé, comme de nombreux groupes maghrébins de leur génération, de rendre ses lettres de noblesse à l’arabe dialectal, la langue de la rue, la darija. Avec son humour et sa dérision. Leur deuxième album, paru il y a trois ans, leur a ouvert les ondes et les grandes scènes. Quant aux producteurs, ils commencent à se manifester en vue d’un maxi (prévu pour cette année), puis d’un troisième album.

ALGÉRIE

Amazigh Kateb – L’homme libre

Bye-bye Gnawa Diffusion. Le combo grenoblois a raccroché les gants en 2007, après quinze ans de reggae infusé aux rythmes gnaouas. Restent trois albums, deux live dont un, historique, enregistré à Alger, et quelques tubes comme « Ombre Elle » et « Douga Douga ». Au micro, il y avait Amazigh, fils de Kateb Yacine, le père de la littérature algérienne contemporaine francophone. Avec son prénom-revendication (qui signifie « homme libre » en berbère), biberonné sur les planches du théâtre de l’Action culturelle des travailleurs, Amazigh ne pouvait chanter autre chose que des slogansÂÂ Avec sa gouaille de mauvaise graine, drôle et cynique, il fustigeait les « politocards » et les velléités guerrières des Américains. La suite ? Après une création originale avec une pléiade de musiciens marocains sur la scène du festival L’Boulevard, à Casablanca, le 22 juin dernier, viendra peut-être un album solo.

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NIGERIA

Asa – Sur les ailes de la soul

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Symbole du renouveau des musiques du monde et de la soul-folk féminine, la guitariste et chanteuse franco-nigériane Bukola Elemide, alias Asa (« faucon », en yoruba), a signé son premier album, Asa, en 2007, avec le label Naïve Records. Née en 1982 à Paris, où son père poursuit des études, elle arrive à l’âge de 2 ans au Nigeria et grandit aux sons de Fela, Marvin Gaye et Bob Marley. Après avoir étudié la guitare et s’être perfectionnée à l’école du saxophoniste Peter King, à Lagos, elle fait ses premiers pas sur la scène du Centre culturel français de la capitale économique, puis reçoit une bourse de l’Association française d’action artistique (Afaa). Celle-ci lui permet d’entrer dans le circuit professionnel, notamment via Manu Dibango. Pour son premier album, elle a fait appel, entre autres, au flûtiste ivoirien Malik Mezzadri, alias Magic Malik.

CAP-VERT

Mayra Andrade – Le charme tout acoustique

Partout où elle passe, elle subjugue. Elle est, avec la pétillante Lura et le magnétique Tcheka, la plus représentative des nouveaux talents cap-verdiens. Née à Cuba en 1985, médaillée d’or en 2001 du concours des jeux de la Francophonie canadienne, cette chanteuse sensuelle mêle aux harmonies du blues et du jazz les mélodies traditionnelles de Santiago, la plus grande île de l’archipel, d’où sont originaires ses parents. Plus que la digne héritière de Cesaria Evora, dont elle a souvent assuré les premières parties, Mayra Andrade se rapproche surtout, de par sa voix chaude et claire, de la Brésilienne Marisa Monte. Révélé par le label Cap Discovery en 2004, son premier album, Navaga (2006), a été disque d’or au Portugal et prix des critiques en Allemagne. Elle s’est vu décerner, en avril dernier, le prix BBC Radio 3 World Music Awards dans la catégorie Nouvel artiste.

BÉNIN

Lionel Loueke – Bienvenue chez Lionel Loueke

Après son opus Virgin Forest paru en 2006 chez ObliqSound, le guitariste et compositeur béninois Lionel Loueke récidive cette année, à 34 ans, avec la sortie de Karibu (« bienvenue », en swahili), chez Blue Note. En quelques années, cet amateur de Grant Green, Joe Pass et George Benson (qu’il découvre enfant, à Cotonou, grâce à l’album Weekend in L.A.) a gravi les échelons de la hiérarchie musicale mondiale en s’attirant le respect de deux géants : le pianiste Herbie Hancock et le saxophoniste Wayne Shorter, tous deux présents sur son dernier album. Diplômé d’écoles renommées (American School of Modern Music de Paris, Berklee College of Music de Boston), il est, avec le bassiste Richard Bona, la nouvelle référence des jazzmen subsahariens qui font carrière aux États-Unis.

GUINÉE

Takana Zion – Une petite bombe dans le monde du reggae

Paru au printemps, son premier album, Zion Prophet, a fait l’effet d’une petite bombe dans le milieu du reggae où, souvent, les productions se suivent et se ressemblent. Ce prodige guinéen de 22 ans a séduit par sa verve contestataire et son message libertaire appelant l’Afrique à l’unité. Le tout en quatre langues : soussou, malinké, français et anglais. Il tournait récemment en Europe avec ses comparses de la scène reggae bamakoise, le chanteur nigérian Bishob et le producteur français Manjul, déployant une énergie et une maîtrise vocale impressionnantes. Après Alpha Blondy et Tiken Jah Fakoly, Takana Zion, encore tout jeune, sera sans doute le prochain ambassadeur du reggae africain.

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