Tchad : interrogations après les frappes aériennes françaises dans le nord du pays

Selon Paris, l’intervention des Mirage 2000, dimanche, a permis d’empêcher une « progression hostile » qui « s’infiltrait profondément en territoire tchadien ». Une version contestée par les rebelles de l’UFR, qui ont affirmé avoir été visés alors qu’ils étaient déjà présents au Tchad et dénoncent l’ingérence française.

Deux avions Mirage se préparent à décoller le 12 octobre 2015 en Jordanie © Kenzo Tribouillard/AFP

Deux avions Mirage se préparent à décoller le 12 octobre 2015 en Jordanie © Kenzo Tribouillard/AFP

Publié le 4 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Plusieurs versions s’affrontent après l’intervention d’une patrouille de Mirage 2000 français, dimanche 3 février, dans le nord du Tchad. En appui de l’armée tchadienne, celle-ci a procédé à des frappes pour arrêter une colonne de 40 pick-up d’un groupe armé en provenance de Libye, a annoncé lundi Paris.

La colonne visée était celle de l’Union des forces de la résistance (UFR), groupe armé dirigé par Timane Erdimi, neveu du chef de l’État tchadien, a indiqué son porte-parole Youssouf Hamid. Interrogé par téléphone, ce dernier a dénoncé le « tournant dangereux » pris par la France en intervenant militairement dans les « affaires internes » du Tchad.

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« Les frontières tchadiennes sont sous contrôle »

Selon Paris, l’intervention des Mirage 2000 a « permis d’entraver cette progression hostile et de disperser la colonne ». Celle-ci « s’infiltrait profondément en territoire tchadien », selon le communiqué du ministère des Armées français.

La « colonne de mercenaires et terroristes » a été « neutralisée et mise hors d’état de nuire par nos forces aériennes appuyées par les forces Barkhane », a indiqué le colonel Azem Bermendoa Agouna, porte-parole de l’armée tchadienne dans un communiqué. « Les frontières tchadiennes sont sous contrôle et totalement sécurisées », a-t-il ajouté.

L’UFR « progresse toujours »

Selon l’UFR, la colonne n’a pas été neutralisée : « On progresse toujours, on est prêt à [affronter] tout ce qui est devant nous, tout ce qui va se placer devant nous. On n’a pas peur des frappes aériennes françaises », a affirmé lundi Youssouf Hamid. « Le peuple tchadien répondra [aux frappes aériennes françaises] », a-t-il poursuivi, estimant que « Paris est devenue une force hostile au peuple tchadien ».

Le porte-parole de l’UFR n’a pas précisé si l’objectif de cette colonne était d’atteindre la capitale N’Djamena, comme le groupe l’avait fait en 2008. À l’époque, l’UFR avait failli renverser Idriss Déby Itno. La France avait alors apporté une aide décisive aux forces tchadiennes, notamment en tenant l’aéroport et en permettant leur ravitaillement en munitions.

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400 km à l’intérieur du pays

Dimanche, des avions de combat de la force militaire française au Sahel Barkhane, partis de la base aérienne de N’Djamena, ont d’abord effectué un « show of force » au-dessus de la colonne qui a continué d’avancer malgré cet avertissement, selon Paris. Une seconde patrouille de Mirage 2000 a ensuite procédé à deux frappes.

« La colonne avait été repérée depuis au moins 48 heures. L’armée de l’air tchadienne avait déjà procédé à des frappes pour les stopper », avant de solliciter l’intervention française, a détaillé le porte-parole de l’état-major français, le colonel Patrik Steiger. Les frappes françaises ont eu lieu « entre le Tibesti et l’Ennedi », de même source, contre la colonne qui était jusqu’à 400 kilomètres à l’intérieur du pays.

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