Les dieux africains de l’Olympe

Si le continent, à l’exception du Maghreb, décevant, continue de régner sur les courses de fond et de demi-fond, l’autre grande satisfaction est venue des épreuves de natation. Revue de détail.

Publié le 25 août 2008 Lecture : 4 minutes.

Les Jeux de Pékin ont tenu toutes leurs promesses. La compétition sportive la plus chère de l’Histoire – les Chinois ont dépensé plus de 40 milliards de dollars pour l’occasion – aura aussi été celle de tous les records. Usain Bolt, le sprinter jamaïcain, encore inconnu du grand public il y a un an, a repoussé les limites de la performance pure en pulvérisant, à trois jours d’intervalle, les records du 100 et du 200 mètres (puis du relais 4 x 100 mètres avec ses compatriotes), du jamais vu dans les pourtant riches annales de l’olympisme. Le nageur américain Michael Phelps est l’autre héros de la compétition. Il est entré dans la légende en décrochant pas moins de huit breloques en or – battant le record de son compatriote Mark Spitz aux Jeux de 1972 -, qui, ajoutées aux six glanées à Athènes, font de lui le sportif le plus titré de l’histoire des J.O.
Les dirigeants de l’ex-empire du Milieu, qui avaient fait de ces Jeux une affaire d’État, ont doublement gagné leur pari. La polémique sur les droits de l’homme et le Tibet s’est éteinte dès que la flamme olympique s’est allumée sur le « nid d’oiseau », surnom donné au stade d’athlétisme. Et au tableau des médailles, la Chine est devenue la première puissance sportive de la planète, loin devant les États-Unis.
L’Afrique, elle, est apparue plutôt en retrait. Elle continue à régner sur le fond et le demi-fond – les distances de prédilection de ses champions venus des hauts plateaux abyssins et kényans et du Maghreb -, mais sa suprématie n’est plus aussi marquée. Le 1 500 mètres a ainsi échappé à un de ses représentants. L’épreuve a bien été remportée par un natif du Maroc, Rashid Ramzi, le favori, mais qui courait sous les couleurs bahreïnies. Il n’empêche : l’éclipse du royaume chérifien, entamée avec la retraite de Hicham el-Guerrouj, en 2005, se poursuit . Hasna Benhassi, médaillée de bronze sur le 800 mètres féminin, a été la seule athlète de la délégation marocaine à surnager. L’Afrique des hauts plateaux orientaux s’en sort mieux. Le prodige éthiopien Kenenisa Bekele, déjà titré à Athènes, a survolé le 10 000 mètres et devait tenter le doublé en s’attaquant au 5 000 mètres, le 23 août*. Sa compatriote Tirunesh Dibaba s’est adjugé l’épreuve féminine. Le 3 000 mètres steeple est resté une spécialité kényane grâce à Brimin Kipruto. Une autre Kényane, Pamela Jelimo, a remporté le 800 mètres. Au triple saut, la Camerounaise Françoise Mbango-Etone a conservé sa couronne. Un an après son sacre athénien de 2004, elle avait pourtant mis sa carrière entre parenthèses, et pris vingt-cinq kilos pendant sa grossesse, avant de décider de retourner à la compétition.

La revanche de Mellouli

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En sprint, la progression de l’Afrique, nette lors des dernières olympiades, s’est brutalement interrompue. Les Nigérians, comme les autres représentants de l’Afrique de l’Ouest, ont disparu des finales, trustées désormais par les athlètes des Caraïbes originaires de Jamaïque, des Bahamas, de Cuba ou des Antilles néerlandaises. Les Africains n’ont guère brillé davantage dans les sports collectifs, à l’exception du football. Les Super Eagles du Nigeria, faciles vainqueurs des Belges en demi-finale (4-1), devaient disputer, le 23 août, la finale contre l’Argentine de Lionel Messi, grandissime favorite. L’affiche, alléchante, est le remake d’Atlanta 1996. Les coéquipiers de Nwankwo Kanu l’avaient emporté 3 à 2.
Traditionnellement performants dans les sports de combat, les Maghrébins ont répondu présent en judo : l’Algérien Amar Benikhlef est monté sur la deuxième marche du podium chez les moins de 90 kilos, imité par sa compatriote Soraya Haddad chez les moins de 52 kilos. Plus inattendu est l’exploit du Togolais Benjamin Boukpeti, troisième en kayak individuel (slalom), qui offre à son pays sa première médaille olympique. Mais la grande satisfaction africaine est venue de la natation. Quatre médailles – une d’or sur le 200 mètres dos et trois d’argent – plus un record du monde pour la Zimbabwéenne Kirsty Coventry, qui s’impose définitivement parmi les ténors de la discipline et compte désormais huit médailles, avec les quatre d’Athènes. Une médaille, une seule, mais en or massif, pour le Tunisien Oussama Mellouli sur 1 500 mètres. Une belle revanche après ses dix-huit mois de suspension pour une « négligence isolée », la prise d’un stimulant, d’ailleurs autorisé hors compétition. L’Australien Grant Hackett, titré à Sydney et à Athènes, visait un triplé historique. L’enfant de La Marsa, qui s’entraîne depuis plusieurs années aux États-Unis, a brisé son rêve pour permettre au sien de se réaliser : devenir le premier champion olympique de natation tunisien et arabe, et offrir une deuxième médaille d’or à son pays, quarante ans après la légendaire victoire de Mohamed Gammoudi sur 5 000 mètres aux Jeux de Mexico.

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