Héros en série

Publié le 25 août 2008 Lecture : 2 minutes.

Rude semaine pour les journalistes africains. À J.A., la trêve estivale nous offre l’occasion de nous pencher sur des sujets plus légers que ceux traités habituellement. Mais, pour nos confrères, point de répit. Figure emblématique de la répression dont sont victimes les professionnels de l’information sur le continent, Moussa Kaka reste en prison. Moins d’un mois après le non-lieu rendu en sa faveur, la cour d’appel de Niamey a refusé, le 19 août, sa demande de mise en liberté provisoire. Arrêté onze mois plus tôt, le correspondant de RFI au Niger est suspecté de connivence avec la rébellion touarègue. Il risque la prison à vie (voir p. 38). Le même jour, toujours à Niamey, le Conseil supérieur de la communication (CSC) a suspendu les émissions du groupe de radio-télévision Dounia. Sans explications. Et sans que les responsables de la station puissent se défendre.
Le Niger n’est malheureusement pas un cas isolé. Au Zimbabwe, où les médias indépendants tentent de couvrir tant bien que mal la crise post-électorale, Rutendo Mawere, journaliste du quotidien privé The Standard, a été arrêtée par la police le 21 août, alors qu’elle était témoin de violences policières. Malgré son accréditation, elle a été détenue sans inculpation. Au Nigeria, Paul Abayomi Ogundeji, journaliste du quotidien This Day, a été assassiné le 17 août à Lagos dans des circonstances obscures. Un crime qui survient moins de deux ans après le meurtre du président du comité éditorial de This Day, et dans lequel des membres des forces de l’ordre semblent impliqués.
Enfin, au Sénégal, les locaux des quotidiens privés L’As et 24 heures ont été saccagés dans la nuit du 17 au 18 août. Ces actes de vandalisme interviennent alors que le ministre de l’Artisanat et des Transports, Farba Senghor, a récemment proféré des menaces explicites à l’encontre de ces publications. Mais au-delà de l’animosité de Farba Senghor – par ailleurs responsable de la propagande du parti présidentiel – envers la presse indépendante, ce sont les relations entre cette dernière et le pouvoir qui se dégradent de manière inquiétante.
De quoi donner du grain à moudre au Réseau des instances africaines de régulation de la communication, qui fêtait ses 10 ans le 18 août à Abidjan. Invité de la cérémonie d’ouverture, le président ivoirien, Laurent Gbagbo, a d’ailleurs donné un éclairage inattendu de ses relations avec le « quatrième pouvoir ». « Je ne mets pas les journalistes en prison parce que quand on va en prison, on en sort en héros. Et je ne veux pas fabriquer des héros. » Il y a des jours où Moussa Kaka et ses confrères se passeraient bien d’être des héros.

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