Tchad : l’état-major français confirme de nouvelles frappes contre une colonne armée

L’état-major français a confirmé mercredi de nouvelles frappes les 5 et 6 février contre une colonne armée. L’Union des forces de la résistance (UFR), groupe armé opposé à N’Djamena, avait affirmé la veille être toujours en territoire tchadien malgré les frappes aériennes de la France, destinées à stopper leur progression.

Préparation au décollage d’un Mirage 2000, à N’Djamena, en décembre 2018. © Jacques Witt/SIPA

Préparation au décollage d’un Mirage 2000, à N’Djamena, en décembre 2018. © Jacques Witt/SIPA

Publié le 6 février 2019 Lecture : 3 minutes.

L’état-major français a confirmé mercredi dans la soirée de nouvelles frappes conduites par des Mirage 2000 les 5 et 6 février contre une colonne armée. « Du 3 au 6 février 2019, des Mirage 2000 des forces armées françaises sont intervenus au Nord-Est du Tchad, en coordination avec l’armée tchadienne, de façon à contrer l’incursion d’une colonne armée en territoire tchadien », indique le communiqué.

Les rebelles de l’Union des forces de la résistance (UFR) avaient assuré la veille poursuivre leur route. « Nous avançons, dans la zone du Tchad frontalière du Soudan, dans l’Ennedi », a affirmé mardi 5 février Youssouf Hamid, porte-parole en exil de l’Union des forces de la résistance (UFR). Le groupe affirme être entré au Tchad avec trois colonnes distinctes de pick-up armés, dont une a été frappée dimanche par des Mirage 2000 français à la demande des autorités tchadiennes.

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Versions contradictoires

Lundi, la France a affirmé que la colonne visée comportait « 40 pick-up » qui avaient fait une « incursion profonde » à partir de la Libye. Une version démentie par l’UFR, qui affirme que sa percée est plus importante.

« Pour des raisons stratégiques, nous ne pouvons dévoiler combien nous sommes. Mais c’est évidemment plus que 40 », selon Youssouf Hamid, qui n’a pas dit vers où se déplaçaient les colonnes de véhicules.

Ces déclarations ont elles-mêmes été contredites par N’Djamena. Les autorités tchadiennes ont martelé lundi soir que « la colonne de mercenaires et terroristes » avait été « neutralisée et mise hors d’état de nuire par nos forces aériennes appuyées par les forces (françaises de l’Opération) Barkhane ».

Un lien avec les troupes du général Haftar ?

Ces différentes versions sur l’importance, la destination et l’état du convoi de l’UFR restent difficiles à recouper.

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Ces picks-up sont partis du sud libyen frontalier du nord du Tchad, base arrière des rebelles de l’UFR, et théâtre, depuis mi-janvier, d’une opération militaire d’envergure menée par l’Armée nationale libyenne (ANL) du général Khalifa Haftar.

Le mouvement des rebelles tchadiens a-t-il un lien avec ceux des troupes de l’ANL ? Selon Jalel Harchaoui, spécialiste de la Libye à l’université Paris-VIII, « le retour d’un groupe de rebelles tchadiens vers le territoire tchadien depuis le sud libyen est peut-être une conséquence » de cette offensive de l’ANL.

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« C’est une coïncidence », a démenti le porte-parole de l’UFR, qui affirme que l’entrée de ses combattants dans le nord du Tchad était une opération prévue de longue date.

« Provoquer des défections »

En 2008, la rébellion tchadienne avait réussi à arriver jusqu’aux portes du palais présidentiel de N’Djamena et était presque parvenue à renverser Idriss Déby Itno. À l’époque, la France de Sarkozy avait attendu que l’UFR entre dans la capitale pour intervenir en sécurisant l’aéroport, permettant aux forces tchadiennes de se ravitailler en munitions.

>>> À LIRE – Ce jour-là : le 15 février 2008, Idriss Déby Itno décrète l’état d’urgence après la bataille de N’Djamena

Depuis, les rebelles ambitionnent toujours de marcher à nouveau sur N’Djamena. En dépit de leurs moyens réputés plus faibles qu’en 2008, ils restent d’autant plus redoutés que le groupe est emmené par le neveu du président Déby, Timan Erdimi, et est composée de combattants zaghawa, l’ethnie du président.

« En 2008, des hauts gradés zaghawa avaient aidé la rébellion », souligne un observateur proche du régime tchadien. Une source proche de la rébellion de l’UFR confirme que le groupe souhaite « provoquer des défections » au sein de l’appareil sécuritaire et établir une base arrière dans le nord-est du Tchad ou au Soudan.

Des frappes françaises « illégales »?

En attendant, ces frappes françaises suscitent de nombreuses questions. Sur les réseaux sociaux, certains s’interrogent sur le cadre légal de cette intervention et avancent que les accords de coopération militaire de 1978, qui ont remplacé les accords de défense de 1960, n’incluent pas d’aide militaire.

L’association Survie a notamment fait part de ses interrogations sur le cadre légal de la présence militaire française au Tchad :

« Sur le plan du droit, cette intervention répond à une demande d’assistance formelle d’un État souverain à l’égard de la France », a indiqué une source au cabinet de la ministre des Armées, Florence Parly. « Déby reste le partenaire fiable et solide de la région. On continue à l’encourager et le soutenir », ajoute une source militaire française.

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