Capital-investissement : l’américain Blackstone plie bagage en Afrique subsaharienne

Le colosse new-yorkais Blackstone a confirmé sa sortie de Black Rhino, un fonds d’investissement consacré aux infrastructures et à l’énergie au sud du Sahara. Il prévoyait initialement 5 milliards de dollars d’investissements sur la période 2014-2019.

Devant les bureaux de Blackstone, à New York. © Mark Lennihan/AP/SIPA

Devant les bureaux de Blackstone, à New York. © Mark Lennihan/AP/SIPA

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Publié le 7 février 2019 Lecture : 4 minutes.

Après KKR, qui a dissous fin 2017 ses équipes en Afrique subsaharienne, un autre géant américain du capital-investissement vient de jeter l’éponge au sud du Sahara. Évoquée dès avril 2018 par Jeune Afrique Business+, la séparation entre Blackstone et Black Rhino a été confirmée début février par un représentant de l’entreprise américaine au Wall Street Journal.

Le colosse américain, qui gère 472 milliards de dollars d’actifs, a décidé de revendre le capital-investisseur basé en Afrique du Sud à son équipe de gestion. Blackstone avait pris le contrôle de Black Rhino en juillet 2014.

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Les motifs de la cession n’ont pas été officialisés, mais dès 2018, les observateurs du marché avaient noté la frustration de Blackstone devant le peu de projets proposés par le management de Black Rhino, qui soient en ligne avec ses critères d’investissements. La concurrence chinoise sur les projets d’infrastructures a également été invoquée. L’état d’avancement de la cession de Black Rhino n’est pas connu.

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Des projets en suspens

Très rapidement après son rachat par Blackstone, Black Rhino a pourtant annoncé des avancées majeures. En août 2014, un accord tripartite a été signé par Blackstone, Black Rhino et Dangote Industries, conglomérat du magnat nigérian Aliko Dangote, pour investir conjointement « jusqu’à 5 milliards de dollars au cours des cinq prochaines années pour des projets d’infrastructure énergétique en Afrique subsaharienne, en particulier dans les secteurs de l’électricité, du transport et des pipelines ».

Début 2015, Black Rhino a annoncé un autre accord pour développer et gérer Horn of Africa Pipeline, un oléoduc de 550 km pour un coût de 1,4 milliard de dollars, entre l’Éthiopie et l’Égypte.

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Plus récemment, en octobre 2017, Black Rhino, le groupe Dangote et Nigerian National Petroleum Company (NNPC), le gestionnaire public du secteur des hydrocarbures, ont annoncé la conclusion avec Abuja d’un accord d’achat d’électricité pour la future centrale thermique Qua Iboe (540 MW), dans l’État d’Akwa Ibom (sud-est). Ce projet, au coût supérieur à 1 milliard de dollars et vieux déjà de plusieurs années, était, dans une phase antérieure, mené par NNPC et Mobil.

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« De nombreux autres projets sont dans notre portefeuille, de quoi assurer que Black Rhino sera un contributeur majeur aux investissements directs étrangers et au développement des infrastructures au Nigeria pour les années à venir », annonçait début 2017 la société d’investissement.

Au dernier trimestre 2017, le gouvernement éthiopien a annulé Horn of Africa Pipeline

Dans les faits, après quatre ans et demi d’activité, aucun des projets annoncés par Black Rhino n’a encore vu le jour. Pour ne rien arranger, au dernier trimestre 2017, le gouvernement éthiopien a annulé Horn of Africa Pipeline, prétextant du démarrage attendu d’une ligne ferroviaire (incluant le fret) avec Djibouti.

Des velléités de développement en Côte d’Ivoire comme au Sénégal n’ont elles non plus jamais été concrétisées.

Black Rhino en péril ?

Dès 2018, selon la presse spécialisée, Blackstone avait cessé d’investir dans Black Rhino. La situation du management de Black Rhino reste incertaine. Le site internet de la société d’investissement semble en maintenance depuis plusieurs semaines. Les comptes sur le réseau social professionnel Linkedin de Brian Herlihy, le fondateur, et de Daniel O’Shea, un des directeurs généraux, indiquent toujours une affiliation à Black Rhino. Il en est de même pour l’Américaine Mimi Alemayehou, ancienne vice-présidente exécutive de l’Overseas Private Investment Corporation (OPIC), l’agence de coopération étasunienne, recrutée comme directrice générale de Black Rhino et présidente du véhicule d’investissement Blackstone Africa Infrastructure LP.

En mars de cette même année, le Sud-Africain Greg Meneses, associé de Black Rhino et un des compagnons de route de Brian Herlihy, le fondateur de la société d’investissement, avait quitté le groupe, rejoignant InfraSalience, spécialisé dans le développement de produits chimiques verts durables.

En mai 2018, Jeune Afrique Business+ indiquait que le britannique Globeleq était en voie de racheter le projet de centrale à gaz nigériane de Qua Iboe. La nature exacte de la transaction reste toutefois incertaine. Globeleq indique, sur son site internet, co-développer ce projet avec Black Rhino. Et, début janvier 2019, le gouvernement nigérian a approuvé un plan d’appui à cette centrale proposé par l’état fédéré de Kano, en présence du financier nigérian Lamido Sanusi, ancien gouverneur de la Banque centrale et émir de la chefferie traditionnelle de Kano, recruté en juin 2015 comme président du conseil d’administration de Black Rhino.

Blackstone toujours présent en Afrique du Nord

La sortie de Blackstone du continent n’est toutefois pas complète, puisque l’américain reste présent en Afrique du Nord. À rebours de son alliance avec Black Rhino – qui a consisté en l’absorption d’une équipe déjà constituée -, le géant américain a lancé directement en octobre 2018 un nouveau fonds dédié aux énergies renouvelables en Afrique du Nord et au Moyen-Orient.

Avec ce fonds, dénommé « Zarou », Blackstone, qui compte un bureau à Dubaï mais aucun sur le continent africain, prévoit « plusieurs centaines de millions de dollars notamment en Jordanie, Égypte et au Maroc ».

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