Trêve de paix

Publié le 25 août 2003 Lecture : 3 minutes.

La trêve entre Israéliens et Palestiniens a vécu, si tant est qu’elle fût jamais respectée. L’attentat suicide du 19 août à Jérusalem-Ouest – l’un des plus sanglants de la seconde Intifada – en a été la violation la plus abominable. Raëd Abdel Hamid Misk, un professeur âgé de 25 ans originaire d’Hébron, s’est fait exploser dans un autobus qui ramenait des juifs orthodoxes de la prière au mur des Lamentations. Les cinq kilos d’explosifs mêlés à des pièces de métal ont provoqué un carnage : 20 morts, dont une femme enceinte et un nourrisson, et 120 blessés.

Mais cette tragédie n’est que le point d’orgue d’une série de violations graves de la trêve par les deux parties. Le 29 juin, un peu plus d’une semaine après que celle-ci eut été décrétée, un raid israélien tue quatre Palestiniens dans le camp de réfugiés d’Askar, à Naplouse, dont deux responsables du Hamas. Le 12 août, deux attentats suicide palestiniens visant un supermarché non loin de Tel-Aviv et l’entrée de la colonie juive d’Ariel, en Cisjordanie, causent la mort de deux Israéliens.
Quelques jours plus tard, à Hébron, Mohamed Sidr, un activiste important du Djihad islamique, est abattu par Tsahal…
L’attentat de Jérusalem a été revendiqué par le Djihad islamique et par le Hamas. Il s’agit, a expliqué Abdelaziz Rantisi, haut responsable du Hamas à Gaza, d’une « méthode de dissuasion réciproque » : à chaque fois qu’Israël tuera un activiste palestinien, un kamikaze sera envoyé pour le venger.
Peut-on décemment se demander si la « trêve » va se poursuivre ? Israël n’en a rempli aucune des conditions. La poursuite des assassinats ciblés (entraînant souvent la mort de civils palestiniens) n’est pas un cessez-le-feu. Ariel Sharon et son ministre de la Défense, Shaul Mofaz, ont montré peu d’empressement à imposer le moratoire sur l’expansion des colonies, tel que l’exige la « feuille de route ». Vingt-deux avant-postes seulement ont été démantelés, dont certains simplement déplacés un peu plus loin. La libération de prisonniers palestiniens – censée renforcer le pouvoir de Mahmoud Abbas, le Premier ministre palestinien en mal de popularité – n’a pas été à la hauteur des attentes palestiniennes. Pis, les arrestations se sont poursuivies pendant la « trêve ».

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De son côté, l’Autorité palestinienne est incapable d’imposer la fin des combats. Mahmoud Abbas et son chef de la Sécurité, Mohamed Dahlan, n’ont pas réussi à faire respecter la houdna (trêve), ni même à ramener à la raison les groupes armés issus de leur propre mouvement, le Fatah. Preuve accablante de l’impuissance du Premier ministre : l’attentat de Jérusalem s’est produit au moment où il rencontrait des représentants du Hamas et du Djihad islamique à Gaza, afin de les persuader de prolonger le cessez-le-feu…
La réaction d’Abbas, qui lança, dès le lendemain du carnage de Jérusalem, un ultimatum à Yasser Arafat, menaçant de démissionner si ce dernier ne soutenait pas, dans une déclaration écrite, l’action de l’Autorité palestinienne contre le Hamas et le Djihad, atteste l’étendue des dysfonctionnements au sein de l’Autorité.

Allégé au début du mois de juin, à l’occasion du sommet d’Aqaba, le bouclage de la bande de Gaza et de la Cisjordanie a été réimposé par Shaul Mofaz. Le 21 août, Tsahal a mené des incursions dans plusieurs villes de Cisjordanie, faisant deux morts à Tulkarem (des adolescents âgés de 15 et 16 ans). La radio israélienne a annoncé une future vague d’arrestations et la reprise des liquidations d’activistes.
En effet, Ismaïl Abou Chanab, haut dirigeant du Hamas, et deux de ses gardes du corps sont morts, le 21 août, dans un raid aérien à Gaza. Un assassinat ciblé qui signe la fin de la trêve, comme l’a annoncé Abdelaziz Rantisi dès l’annonce de la mort de son lieutenant.
Gouvernement israélien et Autorité palestinienne sont aujourd’hui devant une alternative simple : calmer le jeu et relancer la feuille de route, ou autoriser l’escalade, qui conduira, inévitablement, à l’effondrement du gouvernement de Mahmoud Abbas et à la réoccupation de la Cisjordanie et de Gaza par l’armée israélienne.

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