Affaire Khashoggi : un meurtre « planifié et perpétré » par des représentants de l’État saoudien, selon l’ONU

La rapporteure spéciale de l’ONU sur les exécutions extrajudiciaires a affirmé jeudi détenir des « preuves » montrant que le journaliste saoudien Jamal Khashoggi a été « victime d’un meurtre brutal et prémédité » par des représentants de l’État saoudien.

Des manifestants à la recherche de la vérité concernant la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 2 octobre au consulat saoudien d’Istanbul. © Jacquelyn Martin/AP/SIPA

Des manifestants à la recherche de la vérité concernant la disparition du journaliste saoudien Jamal Khashoggi le 2 octobre au consulat saoudien d’Istanbul. © Jacquelyn Martin/AP/SIPA

Publié le 8 février 2019 Lecture : 2 minutes.

Le prince héritier, Mohamed Ben Salman, lors d’une réunion du Conseil de coopération du Golfe (CCG), le 27 avril 2017 à Riyad. © Uncredited/AP/SIPA
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Affaire Khashoggi : l’onde de choc

États-Unis poussés à sortir de leur réserve vis-à-vis d’un allié historique, silence assourdissant des pays arabes, le prince héritier Mohamed Ben Salman fragilisé, l’Europe qui cherche en vain à parler d’une seule voix… Le scandale de la mort du journaliste saoudien Jamal Khashoggi bouleverse les équilibres géopolitiques au Moyen-Orient.

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« Les preuves recueillies au cours de ma mission en Turquie montrent de prime abord que M. Khashoggi a été victime d’un meurtre brutal et prémédité, planifié et perpétré par des représentants de l’État de l’Arabie saoudite », a affirmé Agnès Callamard, la rapporteure spéciale de l’ONU, citée dans un communiqué publié le 7 février à son retour d’une mission en Turquie.

Le meurtre de l’éditorialiste Jamal Khashoggi, le 2 octobre 2018 au consulat saoudien d’Istanbul, constitue « la violation la plus grave du droit le plus fondamental de tous, le droit à la vie », a ajouté la rapporteure de l’ONU.

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Imputé dénoncée

Elle a également dénoncé l’utilisation de l’« immunité » diplomatique pour commettre un meurtre en toute « impunité ». « Les garanties d’immunité n’ont jamais eu pour but de rendre possible qu’un crime soit commis et d’exonérer ses auteurs de leur responsabilité pénale », a-t-elle écrit, soulignant que le meurtre « violait à la fois le droit international et les règles fondamentales des relations internationales, y compris les exigences relatives à l’utilisation légale des missions diplomatiques ». Ankara a plusieurs fois souligné la nécessité d’une enquête internationale sur cette affaire, déplorant le manque de transparence de l’enquête saoudienne.

Plus de quatre mois après sa mort, le corps du journaliste, qui écrivait notamment pour le Washington Post, n’a toujours pas été retrouvé. Son assassinat a plongé l’Arabie saoudite dans une grave crise diplomatique et a nettement terni la réputation du prince héritier Mohamed Ben Salman, qui est accusé par des responsables américains et turcs d’avoir commandité le meurtre.


Riyad a toutefois imputé ce meurtre à des éléments « incontrôlés ». Le procès de 11 suspects s’est ouvert début janvier en Arabie saoudite et le procureur général a requis la peine de mort contre cinq d’entre eux.

Accès à des « informations cruciales »

Le rapport final de la rapporteure spéciale de l’ONU doit être présenté en juin devant le Conseil des droits de l’Homme de l’ONU à Genève, mais il devrait être publié fin mai. Au cours de sa mission, Agnès Callamard s’est notamment entretenue avec le procureur de la République à Istanbul et avec le chef des services secrets turcs, et a été reçue par les ministres turcs des Affaires étrangères et de la Justice.

Le communiqué n’indique pas si elle a pu avoir accès au consulat saoudien à Istanbul, comme elle l’avait demandé. Son équipe a en revanche pu avoir accès à des « informations cruciales » sur le meurtre du journaliste, notamment des extraits d’un enregistrement audio « effrayant » qui se trouve entre les mains des services secrets turcs, sans que son équipe n’ait été en mesure d’effectuer un « examen approfondi » de ce matériel et qu’elle n’avait pas eu l’occasion d’authentifier l’enregistrement audio de manière indépendante.

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