Maroc : pourquoi l’ambassadeur du roi en Arabie saoudite est retenu à Rabat
Pour exprimer son exaspération face à des gestes jugés hostiles, l’ambassadeur du roi du Maroc en Arabie saoudite a été retenu à Rabat. Un rappel officieux qui révèle l’ampleur des tensions entre les deux pays.
Les nuages s’accumulent dans le ciel des relations entre le Maroc et l’Arabie saoudite. Mustapha Mansouri, ambassadeur du roi à Ryad, a confirmé que son département de tutelle lui a demandé de rester à Rabat jusqu’à nouvel ordre. Une décision qui n’a fait l’objet d’aucune communication de la part du département des Affaires étrangères.
« Rendre une telle décision officielle reviendrait à reconnaître un niveau de crise inédit entre les deux pays, explique à Jeune Afrique un connaisseur de la diplomatie chérifienne. En revanche, il n’est pas rare qu’un ambassadeur soit retenu dans son pays pour exprimer officieusement un mécontentement. »
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D’ailleurs, même Mustapha Mansouri tend à minimiser la portée significative de cette vacance temporelle de son poste. « Les relations entre le Maroc et l’Arabie saoudite sont historiques et solides. Entre les pays, il est normal que des divergences ou des différends éclatent de temps en temps. Je suis sûr qu’il ne s’agit que d’une crise passagère et que les relations entre nos deux pays retrouvent leur cours normal », a-t-il déclaré au site d’information le360.ma.
Fritures sur la ligne Riyad-Rabat
À l’origine de cette nouvelle tension entre les deux royaumes, un reportage diffusé par la chaîne Al Arabiya, perçue par Rabat comme mettant en doute l’appartenance du Sahara au Maroc et présentant le Front Polisario comme « le représentant exclusif du peuple sahraoui ». Mais cette salve de ce média saoudien – réputé proche du pouvoir – n’est que la goutte d’eau qui a fait déborder le vase.
La fraternité légendaire entre les deux pays a été mise à mal, surtout après que Mohamed Ben Salman a pris les commandes effectives du pays
2018 a été l’année de toutes les crises inavouées entre Rabat et Riyad. La décision du Maroc, en avril dernier, de suspendre sa participation à la coalition militaire au Yémen, n’a pas été du goût du royaume wahhabite. Idem pour la neutralité de Rabat dans le conflit entre le Qatar et les États du Golfe. Depuis, la fraternité légendaire entre les deux pays a été mise à mal, surtout après que le prince héritier Mohamed Ben Salman (MBS) a pris les commandes effectives du pays. Ce dernier a d’ailleurs choisi d’exclure le Maroc de sa tournée régionale, en novembre dernier, au grand soulagement de Rabat qui n’avait pas trop envie d’accueillir cet hôte, dont l’implication directe dans l’assassinat de Jamal Khashoggi tend à se confirmer.
Vote en défaveur du Maroc pour l’organisation du Mondial 2026, diffusion d’une carte du royaume amputée du Sahara lors d’une manifestation publique à Riyad, annulation des vacances annuelles habituelles de la famille régnante à Tanger… autant de gestes inamicaux, voire parfois hostiles à l’égard du Maroc, qui ont ponctué les relations entre les deux pays durant les douze derniers mois. Il semble bien loin le temps où Mohammed VI posait tout sourire à Paris pour un selfie avec le prince MBS…
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